Mon dernier continent, Midge Raymond
Mon dernier continent, Midge Raymond paru chez Stock le 2 Novembre 2016, traduit de l’anglais par Carole Hanna, 308 pages.
Midge Raymond a travaillé dans l’édition et est également professeur d’écriture créative à Boston, elle a publié des textes et des recueils de nouvelles aux Etats-Unis. Elle signe là son premier roman.
Le résumé de Mon dernier continent :
Deb Gardner est une jeune scientifique passionnée par les manchots qu’elle étudie dans leur milieu naturel du continent Antarctique, un désert de glace sauvage et hostile qu’elle aime et a appris à apprivoiser. De nature solitaire, elle est souvent partie en voyage pour son travail mais côtoie les touristes qui permettent aux scientifiques comme elle de continuer à observer les oiseaux grâce à l’argent des croisières.
Un jour, elle y rencontre Keller, fasciné lui aussi par l’Antarctique et par les pingouins et manchots qu’il va apprendre à connaître. Il a trouvé un job à la plonge pour pouvoir partir et ces deux êtres quelque peu sauvages semblent se reconnaître et s’approcher au cœur d’un paysage de glace aussi intransigeant que sublime.
Au centre du roman, un événement annoncé dès le début au lecteur : l’imminence d’un naufrage… L’histoire s’organise par rapport à cette deadline, une date fatidique dont nous ne connaissons pas l’issue mais la chronologie habilement déconstruite revient sur des épisodes antérieurs de la vie de notre héroïne Deb qui l’ont conduit, par un cheminement logique, propre à elle, à cet endroit précis.
Mes impressions de lectrice à la lecture de Midge Raymond :
Avec Mon dernier continent, apprêtez-vous à embarquer pour une longue traversée aux confins du plus dépaysant des continents qui offre des paysages à couper le souffle, de blanc de bleu et d’autres teintes que les icebergs protéiformes offrent à un œil capable de bien regarder, un continent où l’on peut admirer des couchers de soleil incendiaires, des aurores polaires majestueuses mais qui ne se domestique pas facilement. Serez-vous capable de supporter les jours ou les nuits sans fin ? Saurez-vous respecter le peuple des manchots qui est ici chez lui et qu’il convient d’observer sans gêner ? Saurez-vous vous rappeler la prudence de mise en vous aventurant sur la glace ? Serez-vous en proie aux Fata Morgana, ces mirages propres au continent de glace ? Avez-vous conscience que si vous tombez dans l’eau, vous n’y survivrez pas plus de quelques minutes ?
Si vous ne vous sentez pas encore prêts, un bon conseil : entouré d’une bonne couverture polaire, lancez-vous dans la lecture de Mon dernier continent où l’auteure communique à merveille sa passion pour les animaux et le continent. Instructif, passionnant, offrant une (dé)construction pleine d’attente, ce roman plaira à tous les curieux et notamment ceux qui raffolent des récits de voyage, les personnes sensibles à l’écologie et à la défense des animaux et les histoires de grand froid ! Un bon livre à la couverture magnifique à mettre entre toutes les mains pour une réflexion éveillée tout autant qu’une lecture savoureuse.
Un petit plongeon glacé à travers ces quelques lignes :
« Après toutes ces années, je sais que l’Antarctique agrippe dans ses griffes glaciales un certain type de personne. Keller en fait partie. Il est pris, il va revenir, encore et encore, il va découvrir que personne autour de lui ne peut comprendre ce qui le conduit ici, ce besoin de retourner à la glace, de retrouver ces créatures qui se dandinent en smoking plumé, les longs et féroces couchers de soleil ; la paix apaisante de la nature. Il finira par construire sa vie autour du continent blanc, parce qu’il se sentira incapable de vivre ailleurs.
Ce soir-là, après avoir quitté le bar, je sens mon cœur se mettre à bégayer au moment de nous séparer parce que ses yeux sont fixés aux miens. Bien que son regard s’attarde sur moi, il me laisse comme toujours avec un petit salut et un sourire encore plus bref.
Le lendemain après-midi, nous partons randonner sur une crête qui surplombe la barrière de Ross, cette nappe de glace massive qui s’étend jusqu’à l’océan. Grande comme la France, profonde de six cent mètres, vue d’en haut, elle paraît pourtant aussi fine et fragile qu’une gaufre. Le promontoire offre une excellente vue sur une grande colonie de manchots Adélie. Un sourire éclaire le visage de Keller qui les observe à la jumelle. « Ils ont une bouille… »