La Soledad, Natalio Grueso
La Soledad, Natalio Grueso le 1er Septembre 2016 chez Presses de la Cité, traduit de l’espagnol par Santiago Artozqui, 314 pages.
C’est le premier roman de l’espagnol Natalio Grueso qui a consacré sa carrière aux affaires culturelles et aux relations internationales.
Le titre français, une fois n’est pas coutume, est le même en français qu’en espagnol et signifie La solitude.
Bruno Labastide, le personnage principal, est installé dans le petit quartier de Dorsoduro à Venise où il croise chaque jour une Japonaise d’une beauté renversante. Cette dernière, Keiko, offre chaque soir venu une nuit d’amour avec celui qui l’aura le plus conquis grâce à ses mots que ce soit un poème, une histoire… Peu importe l’identité du destinataire, elle doit avant tout être touchée par ses mots sur le papier.
Bruno Labastide va tenter de gagner son ticket pour partager la couche de l’envoûtante Keiko. Ce dernier a eu une vie tellement remplie que son inquiétude n’est pas de trouver une histoire à raconter mais de choisir, parmi la multitude des aventures qui lui sont arrivées, la meilleure !
C’est alors que nous allons voyager d’un moment de sa vie à un autre entre épopées familiales, aventures en terres étrangères, contes fantaisistes et passion mystérieuse…
Bruno gagnera-t-il son ticket pour une autre folle aventure, celle qui lui permettra une nuit unique aux côtés de Keiko ?
C’est un roman enthousiasmant où nous passons d’une histoire à l’autre avec un mince fil conducteur les rattachant au personnage de Bruno et à sa volonté de dénicher la plus belle histoire. On pourrait le lire comme un recueil de nouvelles. L‘on voyage beaucoup, l’on est surpris, charmé, embarqué. Le plaisir de lecture est immédiat. C’est un livre qui se lit facilement mais le problème quand il n’y a pas de réelle progression dans la trame, c’est qu’on a tendance à l’oublier trop rapidement. On sera plus ou moins sensibles à certaines histoires dans l’Histoire mais j’ai bien peur qu’il ne m’en reste que peu dans quelque temps. Dommage… Mais tous les livres ne restent évidemment pas en mémoire et cela n’empêche pas le bonheur de lecture.
Place à l’extrait qui nous distille une certaine philosophie de vie :
« Je revins au Guatemala dix ans plus tard. Entretemps, la vie avait poursuivi son flot lent, comme ce fleuve qui nous emmène vers nulle part. J’avais continué à donner des cours à l’université, terminé mon livre sur les légendes d’Amérique Centrale, je m’étais remarié, même si c’était uniquement pour prouver que l’homme est le seul animal qui trébuche deux fois sur la même pierre. Le fait est que dix ans plus tard, j’étais de nouveau là-bas, à fouler les pavés usés de la Plaza de Armas d’Antigua, ces mêmes pavés que Pedro de Alvarado avait foulés quelques siècles plus tôt, les mêmes que des légions d’individus fouleraient dans les siècles à venir, toujours sous le regard moqueur des volcans qui, à coup sûr, ne voient en nous que des petites fourmis prétentieuses convaincues que leur vie, c’est le tout, alors que leur vie n’est qu’un souffle perdu dans le vent, une goutte dans ce fleuve qui coule et coule et nous emporte tous. »