Le dernier des nôtres, Adélaïde de Clermont-Tonnerre
Le dernier des nôtres, Adélaïde de Clermont-Tonnerre publié chez Grasset le 17 Août 2016, 489 pages.
Adélaide de Clermont-Tonnerre est journaliste et romancière. Elle publie là son deuxième roman. Son premier Fourrure avait été récompensé par de nombreux prix dont le Prix de la Maison de la Presse. Ce second a été couronné du Grand Prix de l’Académie Française.
L’histoire du Dernier des nôtres en quelques mots :
En 1969, à Manhattan, lors d’un déjeuner dans un restaurant, avec son ami et associé ainsi que son énorme chien prénommé Shakespeare, Werner qui jusque là était plutôt volage et aimait son pouvoir de séduction, croise le regard d’une jeune femme en charmante compagnie et réalise qu’elle sera plus importante que l’ensemble de ses conquêtes. Pour lui, il s’agit bel et bien d’un coup de foudre. Alors qu’elle quitte le restaurant avec son compagnon, Werner réfléchit à un stratagème pour la revoir. Non dénué de ressort et d’inventivité, il ira jusqu’à provoquer un accident de voiture dans l’espoir de conquérir le cœur de cette belle inconnue prénommée Rebecca ! Entre ces deux jeunes gens fougueux, drôles, irrésistibles et indépendants, l’idylle semble aussi naturelle que puissante et pourtant, leur histoire est loin d’être aussi simple…
En 1945, à Dresde dans une Allemagne bombardée, en ruines, une jeune femme gravement blessée s’apprête à donner naissance à son fils. Alors qu’elle succombe à ses blessures après l’accouchement, elle a simplement le temps de murmurer au soldat qui l’accompagne de ne surtout pas changer son nom car cet enfant est « le dernier des nôtres ». La signification de ce message énigmatique est bien évidemment au cœur de ce roman et le lien entre ces deux périodes va se tisser au fil du roman qui oscille entre ces deux périodes, la seconde guerre mondiale et l’avènement d’une période libertaire en se déroulant à deux endroits, une Europe ravagée et une Amérique qui se relève de la guerre froide.
Mes impressions de lectrice à la lecture de ce Clermont-Tonnerre :
C’est un roman plutôt épais mais qui est très facile à lire. Tout est réuni pour faire passer un bien agréable moment de lecture : une histoire d’amour entre deux êtres attachants, un secret de famille, des allers-retours entre deux périodes distinctes, un ancrage historique et un certain humour dans l’écriture au travers de la personnalité de nos deux héros qui allège l’ensemble.
C’est un roman grand public facile d’accès qui offre de beaux rebondissements dans une écriture fluide émaillée de dialogues affûtés. Les personnages sont attachants et offrent de beaux portraits. Même si l’on a déjà pu lire des romans aux « recettes » similaires, le tout est bien construit et se lit avec intérêt.
Un extrait où nous voyons nos deux héros réunis :
« La femme de ma vie était loin d’être aussi troublée que je l’étais. Je me maudissais. Elle m’avait tendu une perche que je n’avais pas été fichu de saisir. Ses congénères m’avaient habitué à plus de simagrées, mais en temps normal, je savais mener le jeu. Avec Rebecca, j’avais l’impression d’être un mauvais joueur de tennis, qui, débordé par les balles, se laisse promener de part et d’autre du terrain. J’allais ramener la discussion à son atelier et à ses œuvres, en espérant la voir renouveler son invitation, lorsque nous fûmes interrompus par un type à la silhouette épaisse que je reconnus immédiatement. C’était le bellâtre empâté qui accompagnait Rebecca au Gioccardi. Il était vêtu de façon aussi apprêtée que la veille, mais semblait avoir renoncé à ses manières. Il fonça sur nous.
« Je peux savoir ce qui se passe ?
– Ah ! Ernie ! Te voilà… », s’exclama Rebecca, faussement enjouée.
Il ne prit pas la peine de lui répondre.
« Que fait-il ici, celui-là ?
– Voyons Ernie, monsieur a embouti ma voiture, c’est pour cela que je t’ai demandé de venir. Tu sais bien que je ne comprends rien à la paperasserie. Monsieur Zilch, je vous présente Maître Gordon, le bras droit de mon père, Ernie, monsieur Zilch.
– Rebecca, ne me dis pas que tu ne le reconnais pas ! » lui demanda l’avocat sans me regarder.
J’avais beau occuper un volume évident, il se comportait comme si j’étais un simple élément du décor. »