Quand j’étais vivant, Estelle Nollet

 

QUAND_J_ETAIS_VIVANT_couv_new_RL_140x205Quand j’étais vivant, Estelle Nollet, le 2 Janvier 2015 chez Albin Michel, 273 pages.

Estelle Nollet est née en Centrafrique et a travaillé dans le domaine publicitaire en France, Australie et Nouvelle-Zélande. Grande voyageuse, elle vit actuellement à Paris. Elle a publié deux autres romans : On ne boit pas les rats-kangourous et Le bon, la brute, etc. qui ont été salués par la critique et récompensés par plusieurs prix littéraires.

Mon résumé :

Quelque part dans les limbes, dans le néant, on ne sait où, quatre protagonistes, qui sont morts au même moment, se retrouvent pour revisiter les moments forts de leur vie. Il y a Harrisson, l’homme blanc, veuf, ayant hérité de la réserve africaine de son père. Par son naturel sans concession, sa passion des animaux, la présence de sa femme chaleureuse morte prématurément, Harrisson s’est imposé dans cette brousse qu’il aime par-dessus tout. Un brin têtu et bourru, il est capable de beaucoup d’humanisme et de sensibilité. A ses côtés, dans sa mort, se trouve N’Dilo, son ami d’enfance avec qui il inventa mille jeux simples et amusants. Or la vie les a séparés comme on le découvrira par la suite. Et de jeux innocents, il n’y a plus. N’Dilo est devenu, lors d’un séjour en prison, le bras droit d’un homme dangereux : chef de guerre et contrebandier sans aucune retenue. Il incarne le symbole de ce contre quoi Harrisson lutte. Ce dernier l’accuse d’avoir tué sa femme, ce dont N’Dilo se défend. En revanche, N’Dilo accuse à son tour Harrisson de l’avoir tué, lui.
Patience, patience, lecteur. Vous connaîtrez la vérité en temps utile.
Aux côtés des deux hommes, se trouve Juma, un garçon qu’a recueilli Harrisson lorsque celui-ci, persécuté parce qu’il était albinos, a fui sa région. Ce jeune garçon, n’ayant plus qu’un bras, apprend aux côtés d’Harrisson, père de substitution, les rouages pour devenir un parfait pisteur. Très observateur et de bonne volonté, il apprend vite d’autant plus que ce monde sauvage le passionne. Et puis à leurs côtés se tient l’éléphante Pearl très attachée à Harrisson à qui elle a accordé sa confiance. Elle nous parle de ses expériences de mère dont un accouchement très difficile ou bien lorsqu’il y a eu une grande sécheresse touchant gravement les animaux de la brousse.

Mon avis :

Le roman présente deux temporalités : celle du présent où les quatre principaux protagonistes sont réunis après leur mort, échangent quelques propos et visualisent sur un écran les moments forts de leur vie passée telles de grandes scènes dont ils seraient les spectateurs. Ainsi le lecteur découvre les différents épisodes où la chronologie est déconstruite. L’on passe d’un personnage à un autre, d’une époque à une autre. Dans le monde après la vie, l’éléphante devient un personnage à part entière dans la mesure où elle est douée de parole, de réflexion.
Quelle originalité dans ce roman d’Estelle Nollet ! Quand j’étais vivant est une véritable pépite littéraire. Il nous offre une lecture riche, un voyage dans la brousse africaine aux côtés de personnages emblématiques et captivants. Ce livre contient le petit supplément d’âme si rare et si jouissif.
Un roman fort et poignant signé par une auteure engagée grâce à qui nous lisons loin et fort ! N’hésitez pas à embarquer pour cet incroyable voyage vers l’Afrique, vous ne le regretterez pas.

Un extrait qui vous permettra de patienter :

   « Les gardes au-dehors surveilleraient tout ce qui pouvait vouloir entrer mais pas ce qui pourrait vouloir sortir, s’était-il dit, l’inverse d’une prison cet endroit. Il a rampé en retenant son souffle sous le grillage et il est parti au sud, toujours au sud, sans carte, mais jamais loin de la grand-route. La journée il mangerait des fruits, les arbres en étaient pleins, et peut-être qu’il boirait le lait des chèvres qu’il rencontrerait au petit matin dans des villages qui ressembleraient au sien.
Il buvait le lait dans la bouteille en plastique qu’il avait coupée en deux, il buvait le lait accroupi dans l’ombre, parmi les caprinés, c’était chaud, c’était bon, et il l’avalait goulûment, les mains agrippées au récipient et il partait courbé, animal parmi les bêtes, voleur parmi les hommes, avant que le soleil ne se lève il s’enfuyait. Même si plusieurs fois il ressentit l’envie d’entrer dans une case et d’y dormir un peu, avec d’autres gens que ses parents ses frères ses soeurs, et de s’y réveiller comme s’il était l’un d’eux.
Mais avant le jour il fallait qu’il fût sous son drap, derrière un buisson ou dans la forêt, à l’ombre pour la journée, à se reposer en tentant d’oublier qu’il aurait faim. D’oublier qu’il y avait des bêtes. D’oublier qu’il n’était pas sûr de bien savoir où il allait. Pas bien sûr que ce ne soit pas aussi dangereux là-bas.
Même s’il avait appris que dans ce pays on en faisait pas de talismans avec les albinos, et qu’il y avait des réserves d’animaux, que ces réserves étaient tenues par des Blancs, que leurs clients étaient blancs, qu’il n’y avait donc aucune raison qu’ils le tuent. Ou qu’ils l’amputent. Mais quand il se réveillait le soir pour continuer son périple parfois il avait peur, c’est vrai. »

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