OONA & SALINGER, Fréderic Beigbeder
OONA & SALINGER, Frédéric Beigbeder, 20 Août 2014 chez Grasset, 331 pages.
Frédéric Beigbeder est journaliste et écrivain. Il a notamment publié 99 francs, Windows on the world, L’amour dure trois ans qu’il a adapté au cinéma ou encore plus récemment Un roman français récompensé par le prix Renaudot 2009.
Mon résumé :
« Ceci n’est pas une fiction. » Voici ce que l’auteur dit de son roman (il est bien indiqué « roman » sur la couverture malgré tout) en guise de préambule. L’ouvrage se définit plutôt comme une enquête basée sur une recherche préalable approfondie de la part de Beigbeder concernant le flirt entre Oona O’Neill : fille d’un célèbre dramaturge au talent reconnu mais très absent comme père et désapprouvant les choix de sa fille qu’il a fini par rejeter ; et J.D Salinger : l’écrivain de renommée mondiale qui a laissé un chef-d’oeuvre à la postérité : L’attrape-coeurs avant de s’enfermer chez lui en pleine forêt, de n’accorder aucune interview et de faire figure de parfait misanthrope. Se basant sur ces quelques éléments biographiques, l’écrivain invente leur courte histoire d’amour et les sentiments qui les ont chacun animés avant d’évoquer la guerre qu’a vécue Salinger envoyé combattre avec les Américains tandis que, de son côté, Oona quittait New York pour aller tenter sa chance comme actrice à Hollywood où elle ferait la rencontre décisive de sa jeune existence : Chaplin.
Mon avis :
Au coeur du livre de Beigbeder, il y a la relation amoureuse à peine existante entre deux personnalités mythiques : un écrivain vivant reclus (à cause de ce premier amour raté ? de la guerre ? de son goût prononcé pour la solitude ? s’interroge-t-on en même temps que l’auteur) et une fille d’écrivain qui allait devenir la dernière épouse de Chaplin et la seule femme avec laquelle il semblerait avoir trouvé le bonheur.
Heureusement pour nous, Beigbeder n’a pas écrit 300 pages sur un simple flirt entre deux adolescents dont l’un très énamouré et l’autre assez indifférente. Cette histoire d’amour est plutôt fade et ne fait pas vibrer outre mesure. Et cet absence de genre littéraire bien défini : ni complètement roman, si simple document est troublant. Même le récit de guerre qu’en livre Beigbeder est assez plat. Il semble s’être attaqué trop légèrement à un sujet qui, même s’il l’intéresse, le dépasse. Le plus captivant, ce sont les anecdotes, les intrusions et réflexions personnelles qui rendent le roman plus vivant. Alors faut-il être un inconditionnel de Salinger pour dévorer ce roman ? La vie d’Oona est plus diversifiée et exaltante que celle du sinistre Salinger comme il apparaît ici et la dernière partie du roman, de loin la meilleure à mes yeux. Malgré son inégalité, il a le mérite d’être inclassable et personnel : la patte de l’auteur n’est en effet jamais très loin.
Voici un extrait :
« Les rues de Beverly Hills sont d’une propreté insupportable. Les voitures glissent sur la chaussée, leurs pneus ne crissent jamais. Les arbres sentent bon, les chiens n’aboient pas, tous les habitants de ces rues bordées d’acacias semblent sourire parce qu’ils n’ont pas le choix : sourire est leur façon d’exprimer leur gratitude d’être là pendant que leurs concitoyens se font cribler de balles à Guadalcanal ou brûler au lance-flammes dans les marais du Cotentin. Certains journaux annoncent une invasion imminente de la Californie mais on n’y croit pas plus qu’au fameux Big One, le tremblement de terre censé engloutir Los Angeles dans le Pacifique. La guerre est loin, les actualités projetées dans les cinémas montrent des cadavres américains, on en parle avec compassion entre les gimlets du Ciro’s (le « gimlet » : une moitié de gin, une moitié de citron vert, peut être considéré comme l’ancêtre de la caipirinha). »
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Je n’avais jamais lu Beigbeder avant, j’ai beaucoup aimé celui-ci notamment pour l’intrusion de l’auteur dans le récit, ça apporte vraiment quelque chose de plus au livre.
Ce roman ne ressemble pas à ce que Beigbeder a l’habitude de produire. Il a voulu faire autre chose. Je suis quelques peu déçu, notamment par l’histoire un peu creuse il est vrai, même si son écriture m’emporte toujours autant. Roman moyen, il doit être heureux …
Isaac Frelon Articles récents…Si elle était belle, elle me plairait
Merci pour ce commentaire. N’ayant pas lu d’autres romans de l’auteur, il m’est difficile de comparer !