La variante chilienne, Pierre Raufast
La variante chilienne, Pierre Raufast le 20 Août 2015 chez Alma, 257 pages.
Après La fractale des raviolis paru en 2014, Pierre Raufast vient nous régaler avec ce second roman.
L’histoire :
Margaux, jeune bachelière en fracture avec son père qu’elle a constamment l’impression de décevoir, part avec son ami Pascal, philosophe qui l’emmène dans un gîte pendant les grandes vacances.
Alors que Margaux passe ses journées à lire, Pascal fait la connaissance de leur voisin, Florin, un drôle d’énergumène qui collectionne des cailloux tous rattachés à un souvenir marquant. Ce sera l’occasion pour cet homme solitaire de raconter ses histoires rocambolesques avec ses nouveaux improbables amis autour d’une bonne table. Alors on se plonge dans l’univers déjanté et fou de Florin quand il déroule telle anecdote : comment son village natal a été pendant moult années noyé sous la pluie au point de ne pas savoir ce qu’était le soleil, pourquoi la piscine de son jardin est devenue un potager, comment il a assisté à un véritable trafic lorsqu’il travaillait au cimetière…
Mon avis :
D’imagination, Pierre Raufast n’en manque décidément pas ! Le roman repose sur les quelques histoires farfelues que l’un des personnages dévoile au cœur des soirées. On se pique au jeu. La langue est inventive, parfois cocasse, corrosive à certains moments et de toute façon novatrice.
Nous sommes face à un roman dépaysant, d’une lecture plaisante mais dont la trame principale est trop distillée pour être vraiment mémorable ce qui n’empêche pas le plaisir immédiat.
Un extrait dans lequel le lecteur plonge dans ce drôle de jeu de cartes qui a donné le titre au roman :
« Comme d’habitude, ils avaient commencé le vendredi soir par jouer quelques piécettes.
Au petit matin, chose incroyable, ils atteignirent tous les quatre dans le même tour les mille points. De mémoire de joueur, personne n’avait jamais vu cela. Il faut dire que les règles chiliennes favorisent structurellement les forts écarts. Par exemple, quand un joueur fait un pique de trois, l’autre combine naturellement un nord-nord-coeur qui lui assure une confortable avance.
Que faire en cas d’égalité ? Ils demandèrent son avis au barman qui avoua son ignorance en chicanant.
L’avocat proposa de continuer jusqu’aux deux mille points.
La partie traîna. Sur le coup de onze heures du matin, ils montèrent dans les chambres pour se reposer une heure. Adèle, la vieille pharmacienne, retint l’avocat jusqu’à midi et la partie reprit.
Nos quatre joueurs n’avaient plus d’argent, ni pour miser ni pour payer les consommations. Ils annulèrent les mises précédentes et commandèrent des pichets de vin du pays. Il leur fallait du gros grain pour tenir la distance.
L’après-midi passa mollement. Dans la pénombre tranquille de la salle, le monde tournait au ralenti. Le ventilateur ventilait, les mouches assoupies digéraient et nos amis jouaient. Pas de grande manoeuvre, pas d’attaque brutale, chacun laissait venir. Le colonel eut un brelan, mais il le gâcha par une combinaison ouest-trèfle surprenante. Florin faillit faire un capateros de huit mais il lui manqua le cinq de pique. La partie s’enlisa dans de la terre grasse. »
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