La jeune fille et la guerre, Sara Novic

la_jeune_fille_et_la_guerreLa jeune fille et la guerre, Sara Novic, paru chez fayard le 17 Août 2016, traduit de l’anglais par Samuel Todd, 315 pages.

Sara Novic publie ici son premier roman. Elle a vécu aux Etats-Unis et en Croatie, a étudié la littérature et enseigne l’écriture.

Le résumé de La jeune fille et la guerre :

En 1991, en Croatie, à Zagreb, Ana est une petite fille heureuse qui grandit entourée de deux parents aimants. Elle a un ami de quartier qui est un très bon camarade de jeux, Luka. Ces deux-là passent leur temps ensemble. Elle a également une petite soeur, Rahela, de santé fragile. Dans l’espoir de faire soigner leur bébé malade, les parents les emmènent elle et leur aînée, Ana, en Bosnie. Mais une terrible embuscade va changer le cours du destin familial.
De la Croatie en pleine guerre des Balkans au New York post-attentats, la vie d’Ana s’inscrit dans un lien ténu à l’histoire. Celle d’un monde en crise dans lequel les enfants grandissent entourés de la guerre et de son cortège de dangers. Et qui, après avoir échappé aux mines, aux raids aériens, peuvent se muer en enfants-soldats. A travers ce regard de fillette, à travers son amour pour son pays, sa culture et sa famille, La jeune fille et la guerre offre un point de vue réaliste sur la guerre de l’ex-Yougoslavie tout au long de cette histoire qui est aussi un roman d’initiation.

Mes impressions de lectrice :

Voici un premier roman fort réussi par une jeune auteure qui connait parfaitement son sujet et qui lui donne autant de crédibilité que de mordant. Malgré la thématique de la guerre et quelques scènes puissamment évocatrices, la romancière parvient à insuffler une fraîcheur dans ce beau roman poignant à l’héroïne incarnée, dont on suit le destin aux moult rebondissements avec passion tout au long de cette histoire s’apparentant à un récit.
Une lecture riche et édifiante. A rapprocher d’une lecture comme Désorientale de Négar Djavadi.

Ne partez pas sans cet avant-goût !

« J’ai grimpé sur le rebord d’une fontaine toute proche et j’ai saisi la main de mon père pour garder l’équilibre tandis que je faisais le tour du bassin dont l’eau était désormais stagnante. « Et Rahela, qu’est-ce qu’elle va devenir ?
– Si son état ne s’améliore pas, il va peut-être falloir qu’elle voie un médecin très loin. Mais ça va aller mieux.
– Et à Noël, il va se passer quoi ?  » C’était dans plus d’un mois, mais l’hiver avait toujours été ma saison préférée. Le Trg était alors illuminé de guirlandes électriques et rempli de vendeurs de marrons grillés, servis dans des cônes de papier ; la couche de neige sur notre balcon et dans les rues s’épaississait et, certains jours, il n’y avait pas école. J’étais trop grande pour croire encore à Sveti Nikola, mais toujours impatiente de laisser ma botte sur la fenêtre pour la retrouver pleine de cadeaux au réveil. Cette année-là, ce serait probablement différent ; rien ne semblait être totalement hors de portée des raids aériens, et nos réserves de vivres se faisaient de plus en plus maigres.
« Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Est-ce qu’on va quand même fêter Noël ?
– Que d’inquiétudes, ce soir ! » a lancé mon père. Il a pris la frange de mon écharpe pour m’effleurer le visage, me chatouillant le menton. « Tu n’aurais pas trop serré ton écharpe ? Evidemment qu’on va fêter Noël ! »
Peu importait le sujet, ça me faisait toujours du bien de discuter avec mon père. Ma mère répétait sans cesse que lui et moi étions sur la même longueur d’onde. Je ne l’ai compris que plus tard, à travers mes souvenirs : quand nous regardions le ciel (ce qui n’était pas rare), nous le faisions instinctivement dans la même direction, pour extraire des nuages le même visage.
Dans ce parc, j’ai ri et mon père m’a attrapée sur le rebord de la fontaine – j’étais mince à cause du vélo et du rationnement – et il m’a portée sur ses épaules jusqu’à la maison. »

 

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