Pardonnable, impardonnable
Pardonnable, impardonnable, Valérie Tong Cuong, paru le 7 Janvier 2015 chez Lattès, 337 pages.
Après le grand succès de l’Atelier des miracles en France et à l’étranger, Valérie Tong Cuong signe avec Pardonnable, impardonnable son dixième roman et on espère qu’elle continue d’écrire afin de nous proposer un large choix de romans.
Le synopsis :
Milo, douze ans, est un garçon plein de joie de vivre, aimé de sa famille demeurant unie grâce à lui. Le jour où un terrible accident de vélo le laisse dans le coma à l’hôpital, le fragile équilibre de cette famille est complètement rompu. C’est sa jeune tante qui le gardait ce jour-là pour l’aider à réviser son histoire. Alors que faisait-il dehors juché sur son vélo ?
Milo est fils unique et cet accident replonge ses parents dans une autre période sombre de leur vie qu’ils aimeraient tous deux oublier.
Et quel est est ce lien incroyable qui unit le jeune garçon à sa tante Marguerite ?
Tandis que les visites s’organisent à l’hôpital, les vieilles querelles, inimitiés et épisodes trop honteux pour être rendus publics semblent être remâchés par les différents protagonistes qui prennent tour à tour la parole et nous révèlent par bribes l’histoire de cette famille peu ordinaire, en allant de plus en plus loin du côté dramatique.
C’est avec Jeanne, la grand-mère de Milo, que tout a commencé. Elle si proche de sa fille aînée, Céleste, la mère de Milo mais proprement incapable d’amour, d’affection ou d’indulgence envers la deuxième, Marguerite juste à cause du hasard malheureux de sa naissance.
Tandis que Milo reprend conscience et malgré les nombreuses incertitudes concernant son avenir, peu à peu, la famille autour de lui se délétère et réalise que ce déchirement-là pourrait bien signer leur fin.
Mon avis :
Pardonnable, impardonnable est un roman qui se dévore avec avidité. On y parle de la famille bien sûr mais pas seulement, des petites lâchetés de tout un chacun, des compromissions que l’on fait avec ses idéaux, des choix de vie impossibles, du désamour, de l’injustice des êtres et des sentiments.
C’est cinglant. Le ton est juste, les personnages nous embarquent à tour de rôle. L’écriture, intime, faite d’images et de sensations, belle et puissante s’adapte à chaque personnalité et fait vibrer son lecteur.
Une grande réussite par cette auteure française à (re)découvrir absolument !
Un extrait qui plonge dans les pensées de Jeanne, la grand-mère :
« Céleste a déverrouillé sa ceinture, s’est approchée, le souffle coupé, Comment faire, comment faire, maman, a-t-elle murmuré, comme si elle pouvait encore changer les choses, revenir vingt-huit ans plus tôt, rétablir un ordre, corriger la trajectoire.
Elle avait sa tête appuyée contre mon épaule, j’ai caressé ses cheveux, respiré son parfum, tenté de m’étourdir, Ma fille chérie, il n’y a rien à faire, tu as déjà tant fait, sans toi je serais morte, j’aurais pris l’enfant et je me serais allongée sur les rails, mais tu étais là, avec toutes tes raisons de vivre, ta gaieté et ta candeur, ton amour inconditionnel, alors j’ai décidé de tenir bon. C’est toi qui as choisi ce prénom, Marguerite, moi je me fichais bien qu’elle s’appelle Nadège, Coralie ou n’importe quoi d’autre, mais tu as choisi Marguerite et j’ai pensé : je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, PAS DU TOUT.
Plonger dans l’abîme, et survivre. Je me cachais pour qu’à douze ans, tu ne voies pas ta mère ensevelie de larmes. »