Comment s’en mettre plein les poches en Asie mutante, Mohsin Hamid
Comment s’en mettre plein les poches en Asie mutante, Mohsin Hamid, 27 Août 2014 chez Grasset, traduit de l’anglais (Pakistan) par Bernard Cohen, 253 pages.
Voici le troisième roman qui sera bientôt porté à l’écran par Guillermo Arriaga. Hamid a vécu à Londres et à New York et est actuellement retourné au Pakistan. Ses précédents romans ont été largement traduits.
Mon résumé :
Ce roman se présente comme un livre de développement personnel même si l’auteur souligne la contradiction dans les termes. C’est plutôt une parodie. L’auteur se propose de donner la clé pour gagner beaucoup d’argent. Il apostrophe son personnage à la deuxième personne du singulier. Tout au long du roman, le personnage sera désigné par ce « tu » qui est la voix de la narration. C’est pourtant bien un univers romanesque auquel nous avons affaire ici. Le lecteur va voir évoluer un jeune garçon issu d’une famille modeste jusqu’au moment où il devient un vieil homme usé. Sa famille quitte sa campagne pour se rendre à la ville dont ils ignorent tout sinon qu’elle offre de plus grandes possibilités que le milieu rural.
Notre héros grandit sans perdre de vue son objectif qui est de s’en mettre plein les poches. Chaque chapitre commence par un précepte, une sorte de conseil qui lui est adressé afin de tendre vers son but : « Monter à la ville » ; « Faire des études » ; « Ne pas tomber amoureux »… Il sera bien sûr question d’une fille en particulier invariablement désignée comme « la jolie fille » qui va obséder notre héros. Ce dernier, malgré quelques déboires cuisants et des détours inattendus, poursuit sans relâche son but et obtiendra fortune d’une manière inventive.
Mon avis :
L‘originalité du mode narratif et de la présentation de ce roman tel un manuel de développement personnel ne sont malheureusement pas suffisants à mon avis pour maintenir l’intérêt du lecteur jusqu’au bout.
Certains passages intéressants et la bonhomie naïve du personnage empêchent le lecteur de sombrer et d’abandonner sa lecture. Peut-être m’attendais-je à un roman plus drôle, plus réjouissant mais ce qui m’a le plus gênée, c’est que je suis restée spectatrice neutre des différentes étapes de la vie du personnage principal beaucoup trop lisse à mon goût. L’auteur a fait le choix d’une certaine neutralité quant à son héros mais a eu sur moi comme effet de rester en-dehors de la lecture.
De plus, Mohsin Hamid développe certains éléments à outrance dans des phrases ampoulées qui n’ont que peu d’intérêt et en laisse tant d’autres qui auraient, à mon avis, fait gagner son roman en intensité.
Le début du chapitre 8 « Faire ami avec un bureaucrate »
« Aucun livre de développement personnel ne serait complet s’il ne prenait en compte nos rapports avec l’Etat. Au cas où il existerait une liste d’éléments cosmiques qui nous unissent, lecteur et écrivain, s’égrenant sur un écran lointain telle l’introduction à quelque épopée de science-fiction cinématographique, se détacherait brillamment de cette énumération le fait que nous évoluons dans un univers financier soumis à la gigantesque attraction gravitationnelle des Etats. Les Etats nous tiraillent, nous plient, nous orientent et cherchent sans arrêt à contrôler nos orbites.
Ainsi, tu serais enclin à conclure que le plus sûr moyen de t’en mettre plein les poches est d’activer ton énergie commerçante et, plus rapide que la lumière, de te propulser dans tes nébuleuses affaires aussi éloignées que possible de l’impérialisme économique de l’Etat. »
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