Russendisko, Wladimir Kominer
Russendisko, Wladimir Kominer chez Gaïa le 2 Septembre 2015 traduit de l’allemand par Max Stadler, 192 pages.
Ce sont les tribulations classées non par ordre chronologique mais plutôt de manière thématique, d’un jeune russe juif arrivant en Allemagne, peu de temps après la chute du mur, dans l’ex Berlin-Est.
Ce n’est pas une histoire à proprement parler avec un début, une fin, une progression mais bien plutôt des réflexions jetées sur le vif où l’on nous parle des conditions de vie, du fossé entre les pays, entre les cultures, du poids de l’immigration, des combines de certains…
Un point commun : l’humour souvent incisif de l’auteur qui nous présente les choses d’une manière très personnelle et vivante.
A priori un sujet difficile à vendre : l’arrivée d’immigrants russes juifs dans l’Allemagne de la Réunification… Austère, non ? En fait non car l’auteur fait de chaque chapitre un instantané de vie drôlatique où le lecteur ne peut s’empêcher de s’esclaffer. On y sent le vécu et le regard aigu de l’auteur. C’est mordant, vif et piquant. Kaminer aborde avec légèreté un certain nombre de sujets de société émaillés de quelques références qui valent le détour…
Un extrait du chapitre « Les moustiques sont ailleurs » :
« Pour moi, Berlin a des airs de station thermale. D’abord, à cause de la douceur du climat. En été, il y fait rarement très chaud, et en hiver, jamais très froid. Et il n’y a presque pas de moustiques, voire aucun, comme à Prenzlauer Berg. A New York, les moustiques perturbent la circulation routière, transmettent des maladies et provoquent sans cesse des épidémies. A Moscou également, les moustiques sont un problème pris très au sérieux. La dernière fois que j’y suis allé, j’ai vu une journaliste se gifler en direct en plein milieu du journal et des sans-abri préparer une soupe aux moustiques dans la rue. Il y a des moustiques partout dans le monde. Mais pas ici, bien que ce ne soit évidemment pas la seule raison pour laquelle j’aime Berlin. Je trouve les gens très cool. La plupart des habitants de la capitale sont calmes, détendus et pensifs. Quand on songe à tout ce qui s’est passé ces dernières années : la chute du Mur, la réunification, la fermeture du casino de l’Europa-Center… »