Someone, Alice McDermott

someoneSomeone, Alice McDermott, le 27 Août 2015 chez La Table Ronde, traduit de l’anglais par Cécile Arnaud, 265 pages.

Someone est l’histoire de Marie qui grandit dans le quartier irlandais de Brooklyn dans les années 30. Issue de parents immigrés, elle vit aux côtés d’un frère atypique qui épousera, un temps, une carrière de prêtre et se trouve choyée par ses parents jusqu’au décès de son père. Marie est une personne ordinaire et le reflet d’une destinée qui pourrait être celle de beaucoup d’anonymes. Mais elle est unique également : elle travaille aux côtés d’un Croque-Mort, refuse d’apprendre à cuisiner comme le voudrait sa mère, aura quatre enfants après un premier accouchement qui l’a pratiquement achevée…
A travers le prisme des gens qui ont compté pour elle : une amie d’enfance, ses parents, son frère, son premier amoureux, son mari, ses enfants… l’on voit se dessiner la vie de Marie que l’auteure se plaît à narrer à travers divers épisodes clés sans toujours respecter un ordre chronologique, avec pas mal d’anticipations.

Malgré quelques passages plus intenses et une écriture agréable, plutôt classique, l’ensemble manque sérieusement de relief et d’intérêt à mes yeux. Le personnage principal ne m’a pas embarquée et les trop nombreuses digressions concernant tel ou tel micro événement ont achevé d’émousser mon plaisir de lectrice.
J’ai trouvé la fin plus intéressante, plus authentique. Des épisodes auraient gagné à être développés et d’autres réduits selon moi.
Ce genre d’histoires : un parcours de vie dans ses grandes lignes au travers de bonheurs et d’épreuves, peut se révéler ou captivante ou fade.
C’est un écueil que n’a pas complètement évité la romancière.

Voici un extrait :

   « Toutes mes bonnes excuses sortirent en bousculade : l’eau était trop chaude, la maison trop froide, j’avais déjà pris un bain la semaine précédente, j’avais mal au ventre, j’étais fatiguée. Mais ma mère tenait fermement mon bras ; mes jambes maigres ne m’obéissaient plus. Elles se levèrent contre ma volonté et passèrent par-dessus le bord froid de la haute baignoire pour entrer dans l’eau fumante. La douleur causée par la chaleur se transforma en un frisson glacé le long de ma colonne vertébrale, et mon corps chétif – rouge vif jusqu’aux mollets, mais blanc pâle, presque bleu, sur mon torse et mes bras – ne fut plus qu’un bout de tissu, un bout de tissu agité et fouetté par une soudaine rafale. J’avais envie de pleurer. J’avais envie de vomir. L’espace d’un instant terrible, je vis que mon corps était un bout de tissu, que mes os n’étaient que de la porcelaine, tout comme mes dents qui claquaient et comme le crâne qui les contenait. Je vis un anneau de lumière, reflet mouvant de l’eau, bondir jusqu’en haut du mur carrelé puis retomber, m’emportant avec lui, nauséeuse et désespérée. J’étais assise. Les bras immergés et de l’eau jusqu’au menton. Ma mère lâcha mon avant-bras, qui conserva cependant l’empreinte de sa main.
Bon, dit-elle. Voilà qui est fait. Après tout ton cinéma. Il va falloir t’y habituer. »

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