Cinq jours, Douglas Kennedy

Cinq jours, Douglas KennedyCinq jours, Douglas Kennedy, Belfond, Octobre 2013, 364 pages, traduit de l’américain, titre original : Five days

Parmi les sorties très attendues de ce mois d’Octobre, figurait, en bonne place, le célèbre Douglas Kennedy à la plume bien aiguisée. En même temps que son dernier roman, est sorti un de ses récits de voyage intitulé Combien en poche chez Pocket où il est question du rapport complexe que les hommes peuvent avoir avec l’argent.

Résumé :

Dès le premier chapitre, nous faisons connaissance avec Laura, la quarantaine, l’un des deux personnages clé de ce roman. Elle se présente comme « technicienne en imagerie médicale et non radiologue ». C’est elle qui fait passer le scanner aux patients mais elle n’est pas habilitée à interpréter les résultats. Pourtant, avec l’expérience, elle sait, au premier coup d’oeil s’il s’agit d’un cancer ou non. Nous la découvrons ainsi aux côtés d’une petite fille accompagnée de son père très anxieux, au coeur de ce milieu hospitalier dans lequel elle travaille cinquante heures par semaine pour subvenir aux besoins de sa famille : deux grands enfant : un garçon artiste qui a déjà quitté le nid et une file ado populaire et sûre d’elle, ainsi qu’un mari en chômage longue durée qui est devenu, au fil du temps, de plus en plus difficile à vivre. Laura demande à faire des heures supplémentaires pour ce job qui exige précision, professionnalisme et un détachement qui devient de plus en plus difficile comme elle le constate à regret.
Plus qu’à un carrefour de sa vie, Laura semble en fait être dans une impasse. Vivant dans une petite ville du Maine, ayant renoncé aux voyages dont elle rêvait dans sa jeunesse, maniant un budget serré, difficile si ce n’est utopique pour ce personnage complexe, subtil, à la beauté d’âme indéniable, de rêver d’une nouvelle vie ou simplement d’un nouveau départ.
C’est pourquoi, son séjour à Boston pour quelques jours à l’occasion d’un séminaire de radiologie ne représente pas qu’une simple parenthèse dans son quotidien mais un break salvateur. A première vue, rien de palpitant  et pourtant aux yeux de Laura, c’est justement l’escapade dont elle a besoin et qui, étonnamment, va redéfinir sa vie toute entière. Dans sa vie de tous les jours, elle n’a que peu de moments de vraie liberté, du temps pour elle : à part quelques déjeuners volés avec son fils et les réunions littéraires hebdomadaires avec sa copine.
Arrivée à Boston, au moment de s’enregistrer à l’hôtel, perdue dans la file d’attente, elle fait la connaissance de Richard, un assureur un peu plus âgé : le second personnage central. C’est lui qui l’aborde et discute un moment avec elle avant qu’elle ne réagisse abruptement à un de ses propos. Ca aurait dû en rester là si le hasard ne les avait conduits à se retrouver dans la même salle obscure, tous deux émus par le même film. Ils parlent un moment puis il l’invite à prendre un verre. En plus de vingt ans de mariage, Laura n’a jamais flirté avec aucun autre homme. Elle s’interroge. Mais en compagnie de cet homme raffiné avec lequel elle va se découvrir la même passion rare de la sémantique (passe-temps que son mari a toujours récusé), elle se sent bien sans pour autant complètement relâcher la pression. Ce n’est qu’un peu plus tard que les confidences vont se faire plus intimes ainsi que les révélations sur leur passé respectif verront le jour. Ensuite… Ensuite… Eh bien non, je ne vais tout de même pas tout vous raconter et gâcher par anticipation votre plaisir ! A ce stade, j’aurais suffisamment titillé votre intérêt pour que vous vous précipitiez comme un seul homme sur le dernier Kennedy, peut-on supposer…

Mon avis :

   Dès le premier chapitre, j’ai été séduite par le personnage énigmatique de Laura et j’ai voulu en savoir plus. Qui était-elle vraiment ? Jusqu’où irait-elle dans sa remise en cause ? Je l’ai lu de manière compulsive : il me fallait connaître l’issue, un peu à l’image des bons policiers que l’on ne lâche qu’après résolution de l’énigme.
La thématique quoique de facture classique _ le changement de cap en milieu de vie _ est traitée au travers d’une figure passionnante et de façon subtile avec une résolution qui n’est pas courue d’avance. Par sa maîtrise de l’intrigue, Douglas Kennedy fait courir une certaine tension tout au long de son roman qui fera écho à plus d’un de ses lecteurs ! L’auteur a l’art de mettre en forme des personnages forts, riches et humains qui nous font nous pencher sur notre propre existence. La passion amoureuse, déclinée sur plusieurs facettes, comme dans son précédent roman Cet instant-là est au coeur du roman. Un peu moins élaboré que ses derniers, on peut regretter une certaine brièveté toute relative et quelques passages dans le roman, bien que délicieux, m’ont semblé naïfs et exagérés. Ce genre d’événements que l’on ne croise qu’au cinéma ou dans un livre ! Quoique…

Place à l’extrait :

« Je me suis fait récemment la réflexion que je n’ai pas de passeport. Cela en dit long sur ma vie. Et la seule fois où je suis sortie des Etats-Unis c’était en 1989, pendant ma dernière année à l’université du Maine, lorsque j’ai convaincu Dan, mon petit-ami d’alors, d’aller passer un week-end prolongé à Québec. A l’époque, un permis de conduire américain suffisait pou entrer au Canada par la route. Nous sommes arrivés au moment du carnaval d’hiver. Les rues pavées de la Vieille Ville, les toits pentus couverts de neige, le français que l’on entendait partout… je n’avais jamais connu quelque chose d’aussi dépaysant et fascinant. Passé un certain agacement devant la barrière de la langue et l’étrange accent des Québécois quand ils parlaient anglais, Dan est lui aussi tombé sous le charme. Notre séjour dans un petit hôtel un peu décrépit où le lit grinçait bruyamment quand nous faisions l’amour nous a semblé d’un romantisme échevelé ! Et je suis sûre que c’est là que Ben a été conçu. Avant que nous ayons su que nous allions devenir parents, un événement qui allait changer entièrement le cours de nos vies, Dan me répétait souvent que nous retournerions bientôt au Québec, et aussi que nous visiterions Paris, Londres, Rio… C’est ainsi, quand on est jeune, on se dit qu’on a l’avenir et le monde devant soi, que tout est possible. Jusqu’à ce que la vie commence à poser ses limites.
« Je me suis enracinée ici, je me suis enfermée ici… » : cette idée revient souvent m’assaillir, dernièrement. Très honnêtement, ce constat n’éveille aucun ressentiment envers Dan. Quels que soient les autres problèmes que rencontre notre mariage, je ne lui reproche pas un seul instant la façon dont ma vie a évolué. Ne serait-ce que parce que j’ai ma part de responsabilité dans tout cela. J’ai choisi de l’épouser, et je peux me rendre compte maintenant qu’il m’est arrivé de prendre des décisions cruciales alors que je n’avais sans doute pas toute ma lucidité. N’est-ce pas inhérent à la condition humaine ? Une histoire personnelle, une existence peut être modifiée par une décision qui n’a pas été mûrement réfléchie. »

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    • Anne-Sophie Poinsu

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