La malédiction du Norfolk, Karen Maitland

518jRMV96hL._SX301_BO1,204,203,200_La malédiction du Norfolk, Karen Maitland paru chez Sonatine en 2014 et en poche chez Pocket en 2015, traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli, 766 pages.

C’est le troisième roman de Karen Maitland passionnée d’histoire médiévale.

Mon résumé :

Nous sommes en 1208, en Angleterre, une période particulièrement trouble dans la mesure où le roi Jean a refusé de se soumettre à l’autorité du Pape ce qui a entraîné la fermeture des églises, des cimetières. Les hommes d’église ont fui et la population vit dans la hantise de la mort. Car sans prêtre, sans bénédiction et extrême-onction, comment leur âme pourrait-elle être encore sauvée ? En cette époque aussi violente que croyante et superstitieuse, la plus grande frayeur est certainement celle de la damnation éternelle et des tourments cruels de l’enfer. Les naissances ne sont pas plus sereines que les morts puisque les nouveaux-nés ne peuvent être baptisés.
Outre la foi, la sorcellerie, aussi décriée que crainte, est très présente. Et pour sauver une âme, il existe des moyens détournés. Lady Anne a perdu son mari au combat et son fils vient de succomber à son tour. Hors de question pour elle de ne pas faire l’impossible pour sauver l’âme de son valeureux fils. C’est ainsi que Raffaele, compagnon et ami du fils de Lady Anne, va approcher la jeune serve Elena, âgée de quinze ans, travaillant aux champs, une jeune fille simple, déterminée et amoureuse dont le sort va brutalement basculer dans une vie faite de dangers, d’obstacles et de brimades. Car c’est elle qui est choisie pour expier tous les péchés du défunt jeune homme. Quand on lui propose de servir Lady Anne, elle croit échapper à une vie de labeur. Elle ne sait pas encore quel sera son rôle véritable et les retombées de cette mission. Elle ignore encore qu’elle va bientôt mettre au monde un enfant dont elle sera accusée de meurtre…

Mon avis :

Karen Maitland a une connaissance pointue de l’époque médiévale dans laquelle elle nous immerge. C’est par le biais des superstitions qu’elle nous le fait mieux découvrir. Son roman s’appuie sur quelques faits historiques mais c’est plus encore les personnages, les croyances et coutumes de cette période chargée qu’elle fait renaître. D’ailleurs, la narratrice est une Mandragore, arrachée de la terre qui observe agir les humains. Entre deux chapitres, qui sont parfois très longs, l’auteure intercale un court extrait de l‘Herbier de la Mandragore sans lien avec la progression du récit mais qui rappelle au lecteur l’omniprésence de la magie dans ce roman et au XIIIème siècle ancré dans les croyances les plus farfelues à nos yeux aguerris.
Les personnages sont assez nombreux même si seulement quelques-uns ont un rôle plus prononcé, le lecteur a même le droit à une présentation des différents protagonistes au début du roman.
C’est un roman épais qui plaira aux amateurs de sagas historiques. Bien que j’aie préféré certains passages à d’autres et que les personnages ne m’aient pas tous captivée de la même manière, j’ai toujours eu envie de continuer la lecture et  de connaître le destin de ces pauvres êtres de papier bien souvent malmenés. Si les portraits peuvent paraître manichéens, il y a fort à parier que le contexte historique favorise ces excès et que cela n’est pas exagéré dans un Moyen-Âge où toute forme de violence avait droit de cité.
Un bon roman qui peut tenir chaud l’hiver !

Un extrait que vous lirez peut-être au coin du feu :

   « Elena voulut se baisser pour aider le malheureux, mais Raffe la saisit par le bras et la poussa pour lui faire franchir le guichet. Il se pencha pour passer sous l’encadrement à sa suite. Elena tremblait de froid sur le chemin, agrippée à son maigre baluchon, regardant derrière elle les grands murs du manoir.
Raffe jeta un œil aigri à la lune gonflée, qui paraissait plus proche et et plus lourde cette nuit, comme si elle le narguait de son gros ventre fécond. Tenant la torche à bout de bras, il partit à grandes enjambées en direction du village, sachant qu’Elena serait pratiquement forcée de courir pour suivre son allure délibérément cruelle.
Comment avait-elle pu ? Comment avait-elle pu le trahir, après tout ce qu’il avait fait pour elle ? Quand il songeait à son incapacité à remplir la moindre tâche domestique, à sa maladresse, à tous les pots et flacons qu’elle avait cassés… D’autres intendants à sa place auraient depuis longtemps usé de la baguette avec elle. Mais il l’avait toujours protégée, avait fait semblant de ne rien voir chaque fois qu’elle choisissait de se glisser hors du manoir, était même allé jusqu’à lui donner des présents à porter à sa mère. Mordiable, s’il avait eu un bâton dans les mains en ce moment, sûr qu’elle en aurait tâté, la petite idiote ! Et s’il avait eu un fouet à sa ceinture, il l’en aurait frappée tout au long du chemin menant du manoir au village. »

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