Felix Funicello et le miracle des nichons, Wally Lamb

9782714468871Felix Funicello et le miracle des nichons, Wally Lamb paru le 1er Septembre 2016 chez Belfond, 240 pages.

Wally Lamb est un romancier américain, il est notamment l’auteur de La puissance des vaincus, Le chagrin et la grâce et le magnifique Nous sommes l’eau (cf mon article).

Le sujet de Felix Funcicello et le miracle des nichons :

Le titre et la couverture laissent entrevoir ce dont il va être question au long de ce court roman écrit en très gros caractères et donc accessible à un très large public y compris des petits lecteurs. Dans les années 60, Felix Funicello grandit entouré de deux sœurs aînées, d’une cousine célèbre et starlette, d’un père qui tient un diner et d’une mère ayant sa petite heure de célébrité lorsqu’elle décide de concourir comme cuisinière dans une émission de télé qui voit la présence de Ronald Reagan… Felix est en CM2 dans une école religieuse sous la houppette sévère de Soeur Dymphna qui n’est pas une rigolote. Felix aux coudes à coudes avec la première de la classe, une petite bêcheuse insupportable, va inverser le cours des choses grâce à l’une des innombrables bêtises orchestrées avec son ami bien plus déluré que lui, Lonny. C’est alors qu’arrive du Québec Mlle Marguerite qui ne peut résolument pas être confondue avec une bonne sœur ! Cette nouveauté suivie de la venue d’une immigrée russe, Zhenya, un peu plus âgée, très libre et au franc parler à l’image de son caractère affirmé, va insuffler un vent de liberté bienheureux pour notre Felix et son camarade qui lui fait, à sa façon, son éducation sexuelle.
Alors que de micro-événements remplissent la vie de notre (pas si) innocent héros tels que la préparation effrénée d’un spectacle théâtral de fin d’année à l’initiative d’une institutrice passionnée devant faire avec les exigences religieuses de la directrice qui est également la Mère Supérieure, le lecteur assiste à cette farandole d’une jeunesse révolue et pourtant si vivante.

Pourquoi j’ai apprécié ce roman de Wally Lamb :

A aucun moment, l’on ne peut s’ennuyer tout au long de ce court roman qui, s’il comprend une trame simple, n’en offre pas moins une lecture délicieuse ! Si, comme moi, vous avez adoré Nous sommes l’eau, vous risquez d’être décontenancé par celui-ci avec parfois la sensation qu’il ne s’agit pas du même auteur ! Celui-ci est moins exigeant et plus grand public. Lamb restitue une époque à travers les yeux souvent naïfs d’un jeune garçon qui a bien du mal à comprendre le monde des adultes. Tous les personnages sont aussi attachants qu’hilarants. Le romancier nos emmène avec une belle cocasserie de ton d’un épisode à l’autre sans que jamais le souffle retombe jusqu’à l’apothéose finale que suit un épilogue très original. A souligner:  la belle inventivité à travers le personnage de la jeune Zhenya dont les expressions, l’accent et le vocabulaire mélangeant sa langue natale et celle de son pays d’adoption sont d’une saveur unique !
Délectable !

Voici une preuve par l’extrait !

   « J’ai ouvert mon livre d’histoire au chapitre où nous en étions restés et je suis tombé à la fois sur le coussin péteur de Lonny et sur le fascicule de Monseigneur. J’ai regardé à nouveau l’image de Louis de Gonzague en couverture, puis j’ai feuilleté l’ouvrage. « Un jeune noble vénitien que le parler vulgaire des palais et des canaux choquait au point de le faire défaillir quand il l’entendait » était-il écrit. Par ailleurs, Louis évitait la compagnie des femmes, même celle de sa propre mère, et le soir en se couchant il fourrait des gros morceaux de bois dans son lit pour se distraire des « tentations de la chair ». Ses passe-temps – appelés « mortifications » dans le fascicule – étaient de se fouetter, de laver les lépreux et de vider leurs lieux d’aisances, et j’étais sûr que lieu d’aisances signifiait seaux de merde. Louis serait mort d’une peste quelconque contractée en soignant les malades. Et c’était le modèle dont je devais m’inspirer ?
   Il n’était pas question que je me fouette, et encore moins que je  lave je ne sais quels lépreux. En revanche, je pouvais toujours essayer le truc des morceaux de bois. Alors voilà ce que j’ai fait, juste avant de me mettre au lit, j’ai pris mes planchettes Kapla au fond de mon coffre à jouets et je me suis couché avec. Je me tournais et me retournais depuis cinq minutes à peine quand j’ai senti une démangeaison sur le pied et, en le frottant contre une planchette, je me suis enfoncé une écharde. J’ai envoyé valdinguer tous les Kapla. Embrasser le poster d’Annette était peut-être la sorte de péché propre à m’expédier en enfer, mais si le paradis était peuplé de béni-oui-oui comme Louis de Gonzague ou Rosalie Twerski, je préférais encore rôtir. Après tout, Lonny y serait sûrement expédié aussi, ainsi que Chino et une bonne partie des habitués du buffet. »

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