Entre ciel et Lou, Lorraine Fouchet

1507-1Entre ciel et Lou, Lorraine Fouchet paru chez Héloïse d’Ormesson le 10 Mars 2016, 421 pages.

Lorraine Fouchet a arrêté sa carrière de médecin urgentiste pour se consacrer à ‘écriture. Elle est l’auteure de plusieurs romans. Entre ciel et Lou se déroule à Groix, une île que chérit l’auteure comme on avait déjà pu le constater avec le très beau roman : Le bateau du matin. Ce dernier roman a obtenu le Prix Ouest au printemps du livre de Montaigu, qui récompense un auteur venant de cette région ou faisant la part belle à cette région ce qui est tout à fait justifié chez Lorraine Fouchet !

Le sujet d’Entre ciel et Lou :

Jo s’apprêtait à passer une retraite paisible en compagnie de Lou sa bien-aimée sur leur rocher de prédilection où ils passé leur vie entière. Malheureusement pour Jo, le destin est capricieux et lui retire son épouse prématurément. En une dernière pirouette, cette dernière dans son testament lance un ultime défi à son mari : rendre heureux sa famille et uniquement après cela, il pourra se rendre chez le notaire, sa mission accomplie, afin de voir ce qu’elle lui a laissé. Le challenge est plutôt salé ! Comment peut-il s’y prendre pour transmettre à ses enfants un formidable goût de vivre quand lui-même est désemparé et englué dans son deuil ? Sans compter que c’était Lou le ciment familial, sans elle, les relations se distendent et les vieilles rancœurs affluent à la surface. Jo était un bon mari mais était-il le père que ses enfants espéraient ?
Son fils affiche clairement sa différence, il fuit l’île de Groix et dédaigne les moments passés en famille, même celle qu’il s’est construite. Sa vie n’est pas simple tout comme celle de sa sœur, une passionnée de cinéma qui en a fait son métier, collectionnant les conquêtes amoureuses sans s’engager depuis qu’un fiancé lui a, irrémédiablement semble-t-il, brisé le cœur.
Et puis il y a la jeune Pomme, petite-fille de Jo et Lou, vivant à Groix, une personnalité incroyable qui se donne pour mission de veiller sur son grand-père et d’attendrir son père toujours trop pressé de retourner à ses impératifs de vie parisienne.

Mes impressions sur le dernier Lorraine Fouchet :

La famille, dans ce qu’elle a de complexe, tourbillonnant et euphorisant est au cœur de ce roman de même que l’île de Groix pour laquelle, on l’aura compris, comme le dit l’écrivaine elle-même, Lorraine Fouchet a du goût et,  plus important encore, sait le transmettre ! C’est un roman polyphonique qui nous fait entendre différentes voix, différentes histoires à travers diverses étapes de la vie. Touchante, personnelle, humaine, l’écriture de Fouchet nous emporte du côté de Groix auprès d’une famille qui traîne son lot de problèmes non résolus et de déceptions au goût rance de même que des instants complices fédérateurs, une vraie famille quoi !, et nous vibrons auprès de ces êtres que l’on imagine campés sur ce bout d’île un peu à l’écart du monde.
Simple et belle, l’histoire est enivrante de même que son parfum iodé, sa musique et ses quelques recettes qui accompagnent le roman (avec en prime quelques bonus savoureux !). Avec une grande délicatesse de ton, beaucoup de dialogues, Entre ciel et Lou offre une lecture grand public d’une belle intensité. A ne pas manquer !
Dans la même veine, vous apprécierez Jean-Paaul Didierlaurent, Anna Gavalda, Valérie Tong Cuong ou Laurence Peyrin.

Un extrait où nous sommes dans les pensées de Jo qui continue de s’adresser à sa femme décédée :

« Le dîner du 7 est un rite incontournable. Être en deuil ne me dispense pas de retrouver les copains. Je parie que tu y serais allée toi aussi, si j’étais mort. La maison de Fred est remplie de ses œuvres et de celles de sa famille. C’est une artiste et une décoratrice hors pair. Tout le monde apporte à manger et à boire. Tu apportais toujours ton champagne préféré. Tes bulles rattrapaient le reste, tes quiches sèches et tes gâteaux pas cuits. Tu ne voulais pas concurrencer les canapés à l’araignée de mer d’Isabelle, les dattes fourrées chorizo menthe de Marie-Christine, le tiramisu de Renata, la tarte aux pommes de Monique. Je balançais discrètement le fruit de tes efforts dans la poubelle et tu rentrais chez nous heureuse avec ton plat vide.
– Regarde, Jo, ils ont aimé, ils n’ont rien laissé !
Mes copains me broient la paluche pour me prouver leur compassion. Ils font assaut de gentillesse :
-Tu es de la famille, Jo.
– Viens dîner quand tu veux.
– Tu t’invites, sans façons.
– Ma femme est moins belle que la tienne, mais elle cuisine vachement mieux, souffle un ami pour me dérider.
Tu étais la plus belle. Tu m’as appris  à être heureux et à l’aise partout. Sans toi, je suis comme un con. »

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