Amelia, Kimberly McCreight
Amelia, Kimberly McCreight paru le 27 Août 2015 chez Cherche-Midi, traduit de l’américain par Elodie Leplat, 523 pages.
C’est le premier roman de cette auteure américaine qui, d’après ses remerciements, lui a demandé patience et persévérance. Nicole Kidman en a déjà acquis les droits d’adaptation.
Le synopsis :
Amelia, héroïne éponyme, a quinze ans et fréquente un bon lycée du quartier Brooklyn. Gamine plutôt sage, en bonne relation avec sa mère qui l’élève seule, elle est studieuse et sportive. Pourtant, sa mère, occupant un poste important dans un cabinet juridique, reçoit un jour un appel de son école qui lui apprend que sa fille s’est fait exclure trois jours. Kate, la mère, est surprise, cela ne ressemble en rien à Amelia. Elle se dépêche de se rendre là-bas mais les transports en commun la retardent. Quand elle arrive enfin, ce n’est malheureusement plus la même musique. On ne parle plus de mesure disciplinaire. Entretemps, Amelia a sauté du toit annonce-t-on à Kate et elle est morte laissant un simple mot au sol: Pardon.
Alors que la mère, rongée par la culpabilité, entame un douloureux deuil, elle reçoit quelque temps plus tard un SMS anonyme : « Amelia n’a pas sauté ». Alors Kate s’interroge. Ce qui est certain, c’est que l’enquête a été vite bouclée et plutôt bâclée en réalité.
Kate connaissait-elle sa fille comme elle le pensait ?
En pénétrant dans son univers, dans ses mails, ses textos, son Facebook, Kate découvre un autre visage d’Amelia qui, semble-t-il, protégeait de trop lourds secrets.
Mon avis :
Kimberly McCreight signe un premier roman d’une construction impeccable, au suspense et à la tension omniprésents. Elle brouille les cartes jusqu’à l’ultime page et le lecteur va de révélation en révélation.
On plonge dans les abysses d’un monde adolescent effrayant où cruauté et violence vont de paire. L’auteure manipule son lecteur en multipliant les fausses pistes et les questionnements divers : qui est réellement Ben ? Que s’est-il passé sur le toit ? Quel est le lien de cette affaire avec l’identité mystérieuse du père d’Amelia ?
Les flashbacks viennent tour à tour éclairer, mettre en perspective tel élément pour mieux maintenir tel autre dans l’ombre.
L’on partage l’intimité, à travers sa façon de penser et ses conversations virtuelles, d’une ado de quinze ans. Avec brio, l’auteure varie de registre de langue : des chapitres longs, construits, soignés dans l’écriture alternent avec des extraits de journal de bord, de mails, de SMS au langage phonétique d’un réalisme notoire ! C’est très réussi !! Je l’ai littéralement dévoré…
Intelligent, manipulateur, ce roman, au très haut pouvoir addictif, fait froid dans les dos (surtout pour les parents d’adolescents!).
Si vous avez aimé La fille du train de Paula Hawkins, Les apparences de Gillian Flynn ou encore Désordre de Penny Hancock, celui-ci, bien que différent, pourrait vous correspondre.
Un extrait qui nous fait partager les pensées d’Amelia :
« Deux semaines plus tard, je ne voulais toujours pas sortir avec un mec. Et il n’y avait rien de bizarre à ce qu’une ado de quinze ans n’en ait pas envie. Comme Ben me l’avait dit, j’étais on ne peut plus normale. Le fait que Sylvia soit nympho n’y changeait rien. C’est elle qui avait un problème. Pas moi. « Pour la trois centième fois, Ben est mon pote, Sylvia, ai-je dit en m’arrêtant au pied des marches de Grace Hall pour répondre à son texto. Et comme je te l’ai également répété trois cents fois, il est gay, tu te souviens ? » Parce qu’à ce moment-là, elle était au courant. Elle m’avait rendue trop dingue avec cette histoire pour que je puisse me retenir. « Je vais fermer cette porte dans trente secondes! » s’est alors écrié Will. Mais je pouvais me permettre d’être en retard, Sylvia avait raison. Et si je ne répondais pas maintenant, je ne pourrais plus le faire de toute la journée. J’ai tapé mon texto sous les ricanements de Sylvia, qui s’est ensuite mise à gravir les marches. Elle était jalouse. Et plutôt pour une bonne raison. Ce n’étais pas que je lui préférais Ben – Sylvia serait toujours ma meilleure amie-, mais parfois l’amitié était beaucoup plus simple avec lui. « Pour lui tu veux bien être en retard, hein ? Quand je pense que tu crois que je fais passer les mecs avant toi. » Elle a secoué la tête sans s’arrêter de monter. »