Là où elle repose, Kimberly McCreight

9782749148731Là où elle repose, Kimberly McCreight paru le 18 Août 2016 au cherche midi, traduit de l’anglais par Elodie Leplat, 409 pages.

C’est le second roman de cette auteure américaine qui nous avait captivé avec le très réussi Amelia. (cf mon article précédent)

Le résumé de Là où elle repose :

Dans une petite ville cossue du New Jersey, un bébé est retrouvé sans vie dans un ruisseau non loin du campus. Personne ne sait à qui appartient ce nourrisson et les commérages s’affolent. Molly Anderson, mariée à un enseignant universitaire, mère d’une fillette et tous trois installés à Ridgedale depuis peu, est journaliste débutante et se voit confier l’affaire. Or c’est une personne extrêmement fragile depuis la mort de son bébé in utero. Si le sujet la touche de très près, elle a clairement conscience que ce papier représente une chance de faire ses preuves par un travail méticuleux. Par ce biais, elle sera donc au cœur de l’enquête qui semble opposer la police et l’université qui ne veut pas entacher sa réputation avec les soupçons d’un infanticide. Ce ne serait a priori pas la première fois que le campus étoufferait une affaire dans l’œuf. Par souci de professionnalisme, Molly épluche tout de très près et ressort des vieux dossiers qui semblent n’avoir pas de lien direct avec l’affaire mais… qui sait ?
En parallèle, nous suivons une adolescente en grande situation de précarité qui recherche une femme disparue, son point de repère. Et derrière les volets des familles respectables, cette découverte macabre va révéler de grosses fêlures qui sont sur le point d’écailler le vernis de cette petite communauté où rien de grave ne semblait devoir advenir.

Mon avis sur ce second roman de McCreight :

Habilement mêlés, nous retrouvons les ingrédients qui ont fait le succès de son premier : un fin suspense psychologique qui mêle plusieurs niveaux de lecture, une narration savamment orchestrée superposant différentes strates avec des supports variés tels que des extraits de journal, des retranscriptions de séances audios, des pages d’un ancien journal intime d’une adolescente exaltée au langage très simple parfois crû ou grossier, celui de notre héroïne Molly au présent, des bribes du chat de la communauté qui commente l’actualité morbide de leur ville… La romancière entremêle ces différents niveaux avec une grande habileté si bien que son lecteur n’est jamais perdu. Cette variété de support, de tonalité participe grandement à la richesse de ce thriller psychologique au cœur d’un microcosme étouffant qui offre de beaux rebondissements, certains plus aisés à deviner que d’autres. Les personnages, délicatement incarnés, sont également une grande réussite et contribuent au plaisir de la lecture.
Avec ce second roman certes dans la veine du premier, Kimberly McCreight confirme son talent. A découvrir si ce n’est déjà fait et à noter que le premier est paru en collection poche.

Un petit avant-goût grâce à cet extrait :

« Barbara ne recommença à respirer qu’une fois arrivée au milieu du couloir, la carte de visite écrasée dans son poing. Elle ressentit une vague de chaleur suivie d’une vague de froid. Redoutant de s’évanouir, elle fila dans les toilettes pour filles au bout du couloir.
Enfermée dans l’un des petits box, elle s’accroupit tout habillée sur la cuvette minuscule. Sous la paroi du box voisin, les pieds d’une fillette chaussés de baskets roses se déplaçaient d’avant en arrière. Le genre de baskets à paillettes qu’elle avait toujours refusé d’acheter à Hannah en primaire malgré ses supplications. Elle ne se rappelait plus précisément pourquoi.
Elle baissa les yeux sur ses propres chaussures, gigantesques devant le petit W-C. Qu’est-ce qu’elle avait à se mettre dans tous ses états ? Qu’est-ce que ça pouvait faire si Cole avait un problème qui nécessitait un travail ? Tôt ou tard, chaque enfant a une faiblesse. Sans compter que, comme sa propre mère le lui avait toujours dit, ce dont une mère a besoin, c’est d’enfants heureux, pas d’enfants parfaits.
Et pourtant un gros sanglot lui remontait dans la gorge. Elle se plaqua une main sur la bouche afin de l’empêcher de sortir.
Elle attendit que la fillette aux baskets roses soit partie après s’être lavé les mains avant de se découvrir la bouche. Aucun bruit ne lui lui échappant, elle se força à se lever et essaya de sourire un peu, mais elle avait toujours ce sentiment refoulé au creux du ventre. »

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