Le syndrome de la vitre étoilée, Sophie Adriansen
Le syndrome de la vitre étoilée, Sophie Adriansen chez Fleuve éditions le 25 Août 2016, 347 pages.
Sophie Adriansen a écrit une vingtaine de livres dont des romans pour la jeunesse.
L’histoire du Syndrome de la vitre étoilée :
La narratrice narre sous forme d’un journal de bord sa rencontre amoureuse qui donne lieu à la vie commune et au désir d’enfant qui s’apparente pour ce couple à un chemin de croix. Tandis que ses amies, en couple depuis moins longtemps qu’elle, tombent enceinte les unes après les autres, la narratrice désespère d’y arriver et commence à deux une épreuve qui débouchera sur un certain chapitre de sa vie qu’elle n’avait pas nécessairement envisagé.
Mon ressenti à la lecture du Sophie Adriansen :
Ce roman s’illustre surtout par sa grande originalité tant sur le fond que la forme. Rares sont les histoires qui parlent essentiellement de désir d’enfant inassouvi, de problèmes de fertilité et son cortège de désagréments qui en découlent. C’est un sujet relativement courant dans la vraie vie mais plutôt absent de la littérature. Là, l’auteure marque un point. Évidemment, le sujet ne passionnera peut-être pas les foules mais il est intéressant de lire autre chose que le bonheur illimité d’un couple avec un bébé ou la grande tragédie de la perte d’un enfant. Ici, on a une réalité en demi-teintes : un espoir contrarié. La forme participe aussi à l’intérêt de ce roman : il se lit très vite car certains chapitres n’ont que quelques lignes proposant une citation, un court extrait d’une conversation. Adriansen insère de nombreux personnages, des supports divers tels que mails, échanges téléphoniques, citations de livres, films et chansons, des articles de magazines…
Le style est par ailleurs très léger et la construction reste simple et ne repose que sur peu d’éléments mais l’ensemble se lit bien et s’inscrit dans une certaine cohérence. Le titre joliment choisi est expliqué en guise de prologue. A découvrir.
Un extrait dans lequel nous avons un focus sur une idylle naissante :
« C’est une parenthèse enchantée, une bulle iodée. Nous allons à la plage, nous prenons le bateau pour les îles du Frioul, tu retrouves dans mes cheveux l’odeur du sel et du soleil et de mon shampoing à la camomille dont tu t’es empli les narines à notre rencontre, nous ne mangeons qu’au restaurant. Les cours passent presque inaperçus. Le nuage sur lequel tu m’as hissée me rend insensible aux néfastes perspectives, les théories qui institueront, les travaux de groupe qui prépareront, les stages qui entraîneront, les examens qui sanctionneront. Je ne suis pas assise à ce bureau mais avec toi dans mon petit deux-pièces où tu as posé ton sac à dos soixante-dix litres et où tu m’attends, je ne suis pas en train d’étudier l’emploi du temps d’une année entière mais avec toi sous la couette, je ne suis pas en train de choisir un sujet de mémoire mais avec toi qui fouilles mon sexe de ma langue, je ne suis pas en train de rencontrer de nouveaux camarades mais avec toi en moi.
C’est décidé, je préfère l’amour à la vie. Et ton amour me gaine, formant sur ma peau une pellicule invisible que la douche ne lavera pas après ton départ. Tu prends le train mais je garde le nuage. »
Merci beaucoup d’avoir lu mon roman et d’en parler aussi bien.