La vie enfuie de Martha K., Angélique Barbérat
La vie enfuie de Martha K., Angélique Barbérat chez Michel Lafon le 2 Février 2017, 375 pages.
Angélique Barbérat a auparavant publié trois romans chez Michel Lafon dont un beau diptyque : Bertrand et Lola suivi de Lola ou l’apprentissage du bonheur.
Le sujet de son nouveau roman :
Martha, âgée de trente-deux ans, émerge d’un camion en Allemagne où elle a été trouvée sans papiers avec de l’argent liquide, un tube de rouge à lèvres et des mouchoirs. La jeune femme reprend connaissance sans aucun souvenir. Elle ne sait ni qui elle est, ni ce qu’elle fait là à la frontière de la Pologne. Après un séjour à l’hôpital, sans plus de connaissances sur son passé, elle va revoir son mari et son fils qui l’attendaient en France. Elle vit à Annecy où elle enseignait dans une école spécialisée pour les jeunes en difficulté sociale. Désemparée, Martha doit reprendre le fil de sa vie, une vie qui lui paraît soudainement bien pâle et qu’elle ne peut s’empêcher d’observer d’un œil critique. Afin de renouer avec ce qu’elle était, elle s’improvise enquêtrice d’un genre bien particulier. C’est sur sa propre vie qu’elle va se pencher. Et ce qu’elle découvre semble encore une fois mystérieux. Même son mari lui est devenu étranger tout comme, dans ce nouveau départ, elle apparaît elle-même tout autre. Jusqu’à ce qu’une découverte cruciale lui permette de renouer avec son passé. Un passé aussi excitant que dangereux, peut-être. Martha, sous les dehors d’une épouse modèle et d’une mère parfaite, est-elle vraiment la femme irréprochable qu’elle laisse entrevoir à son entourage ?
Mon avis de lectrice :
Avec une franche dose de suspense savamment distillée tout au long de la lecture, une héroïne envoûtante et fragile mais encore déterminée, un paysage à l’ambiance hivernale qui offre une atmosphère brumeuse, difficile de résister à l’attrait de La vie enfuie de Martha K. que l’on dévore d’une traite ! Tendant vers le thriller psychologique, ce livre plaira aussi aux plus romantiques des lectrices. Roman féminin par excellence, Angélique Barbérat interroge dans son œuvre à l’exemple d’une vie humaine certaines des valeurs qui la traversent : la reconstruction, le couple, l’amour, la parentalité, le doute, la suspicion, la différence… L’héroïne très attachante nous conduit jusqu’au bout du roman mené tambour battant. S’il y a ça et là quelques aspects pouvant paraître exagérés, l’univers romanesque confère à l’ensemble un certain réalisme ancré dans le quotidien des personnages principaux avec une écriture simple, orale et touchante. Un savoureux moment de détente vous attend.
A offrir à une amie, une sœur ou bien encore à soi-même !
Un petit extrait en forme de rêve éveillé :
« La première image n’est rien d’autre qu’une sensation saisissante de néant. Je suis dans ce néant. Je fais des kilomètres et des kilomètres sans avoir l’impression d’avancer d’un pouce. Dans un silence total. Où même mes pas résonnent à vide.
Et puis subitement, j’ai extrêmement chaud et soif. La gorge me brûle. L’air, en glissant vers mes poumons, semble arracher des lambeaux de chair. Oh ! Comme je voudrais me désaltérer ! Pourtant je sais que c’est impossible, puisqu’autour, il n’y a rien. Alors je me mets à trembler sans pouvoir m’arrêter. Mes jambes ne me portent plus…
Lorsque je suis sur le point de m’écrouler, je me retrouve brutalement projetée dans une forêt très dense où la lumière joue à cache-cache entre les arbres. Au loin, je distingue une espèce de forme qui m’attire inexorablement. Plus j’approche, plus le parfum des roses est puissant. Cette odeur me donne la nausée. Je chancelle et me rattrape à une sorte de cabane délabrée. Elle dégage une puanteur abominable. J’ai envie de vomir. Je contourne la bâtisse et me pique dans les épines d’un rosier grimpant monstrueux. Il porte d’énormes fleurs d’un rose éclatant. Le soleil brille et, comme par enchantement, il neige ! A cet instant précis, alors que je relève la tête pour fixer les flocons qui tourbillonnent, j’entends un sifflement strident. Une douleur fulgurante me déchire la poitrine. Je m’écroule au pied du rosier dans une terre molle et grasse. Je suis morte ?
Je me réveille. Trempée et exténuée. Et surtout, terrorisée. »