A la table des hommes, Sylvie Germain
A la table des hommes, Sylvie Germain paru le 7 Janvier 2016 aux éditions Albin Michel, 263 pages.
Voici le dernier roman d’une auteure talentueuse qui écrit depuis longtemps et qui a obtenu le prix Femina en 1989 pour Jours de colère et le prix Goncourt des lycéens pour son très bon Magnus en 2005.
Mon résumé :
Nous sommes au cœur de la nature, en pleine forêt, dans un pays touché par la guerre à une époque indéfinie en présence d’un cochon et d’une daine que l’on va suivre un petit moment avant de croiser le véritable héros de ce roman : un jeune adolescent qui se réveille aux côtés d’une corneille qui lui tient compagnie comme son ombre. On assiste à la naissance de ce jeune être qui ne sait pas d’où il vient, qui il est, qui parle à peine et passe pour un simplet.
Dans le village où il arrive il va être recueilli avant d’être emporté vers un autre chemin suivi de sa fidèle corneille et toujours aussi imprégné de la nature et curieux de découvrir ce que le reste du monde a à lui offrir.
Mon avis sur le dernier Sylvie Germain :
Ce n’est pas nécessairement un roman facile d’immersion. Les premières pages sont assez déconcertantes puisque nous ne sommes qu’en présence d’animaux. Quant au personnage principal, on l’appréhende doucement comme si le lecteur devait l’apprivoiser à son tour.
C’est un roman empreint de naturalisme et de fantaisie, Germain nous donne à voir une nature prodigieuse et quelque peu fantastique. Mais c’est encore un roman ancré dans une réalité, dans une certaine violence humaine et par là, il est engagé. Engagé contre la bêtise des hommes qui perpétuent la guerre, toujours, dans un endroit ou dans un autre. Une voix s’érige contre l’intolérance et cette voix est belle, digne, envoûtante. Car on lit avant tout Sylvie Germain pour la beauté du verbe, la richesse de son vocabulaire et la poésie qu’elle insuffle dans chaque paragraphe. C’est encore un hymne à la beauté simple de ces choses qui nous entourent et que nous ne regardons pas, un hymne également à la fraternité.
Un roman fort dont la fin, sublime, en souligne encore plus la grandeur.
Un extrait d’A la table des hommes où l’on découvre ce drôle d’être :
« Il réussit à se lever, son équilibre est vacillant, ses premiers pas sont maladroits, pénibles, ses pieds vite écorchés s’endolorissent. Il tombe, se relève, titube, retombe, se redresse, encore et encore. Il tient enfin sur ses jambes, il se met en marche, les genoux légèrement fléchis, les bras écartés en balanciers, la tête basse, les yeux roulant d’étonnement de percevoir les plantes, les herbes, les cailloux alentour d’un regard tout autre. Son acuité visuelle s’est accrue, les choses ont pris des couleurs, du relief, un volume inédits, la tête lui tourne.
Les bêtes à son passage s’éloignent, ou carrément s’enfuient. Seule la corneille na manifeste aucune crainte à son égard, elle l’accompagne à sa façon, volant tantôt devant lui, assez bas dans le ciel, comme si elle lui montrait le chemin, tantôt en louvoyant sans choix apparent de direction, et parfois s’attardant sur une branche, ou sur le sol où elle musarde, comme si rien de ce qui se passe ne la concernait.
Il ignore où il va ; comment le saurait-il ? Il ignore tout autant où il est, ce qu’il est, ce qu’il fait. Il avance dans un monde soudain frappé d’extrême étrangeté. »
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