La déposition, Pascale Robert-Diard
La déposition, Pascale Robert-Diard paru le 20 Janvier 2016 chez l’Iconoclaste, 236 pages.
Pascale Robert-Diard est chroniqueuse judiciaire au Monde et a publié auparavant plusieurs documents tous en lien avec de célèbres procès.
Mon résumé :
Ce livre, qui n’est pas un roman mais se rapproche d’une chronique judiciaire, revient sur le procès de Maurice Agnelet qui s’est achevé en 2014. L’homme alors âgé de 76 ans avait été longtemps auparavant accusé d’avoir tué sa maîtresse, Agnès Le Roux disparue en 1977. A l’époque, l’enquête, qui ne disposait des mêmes moyens qu’aujourd’hui bien évidemment, n’avait pas été concluante. Le grand absent de cette enquête : le corps de la jeune femme qui n’a jamais été retrouvé.
L’auteure a assisté à la dernière phase d’un procès à rallonge plusieurs fois ré ouvert. Se passionnant pour cette affaire aux moult rebondissements, elle a envoyé une lettre à l’un de ses fils, celui qui a finalement fait basculer l’issue de l’affaire, dans l’espoir d’obtenir quelques réponses à ses questions. Son fils Guillaume a décidé une fois pour toutes de briser le silence et de mettre en plein jour un secret de famille qui a empoisonné sa vie entière . Dans cette optique, il accepte de rencontrer Robert-Diard et le livre est né ensuite.
Mon avis :
Si, comme moi, vous lisez La déposition sans connaître les détails de l’affaire, vous prendrez plaisir à découvrir les tenants et aboutissants d’un véritable procès, d’une affaire longue et sinueuse d’apparence relativement simple mais dont le dénouement ne l’a pas été. On s’immisce avec délectation dans les méandres d’un monde judiciaire si cadré ainsi qu’au cœur d’un système policier parfois impuissant à trancher. L’auteure nous fait encore entendre la voix plus intime de Guillaume Agnelet enfermé dans une spirale familiale infernale dont il est parvenu, après de longues années, à sortir. Le tout est assez addictif, troublant et captivant.
L’écriture est bien celle d’une journaliste, peu de fioritures. Pascale Robert-Diard ne s’éloigne jamais longtemps du domaine concret et réel, même si elle donne à voir les anti-héros de cette sombre saga judiciaire non dénuée d’émotion et d’un certain humanisme. Rien de sordide non plus dans cette chronique et nulle surenchère de la part de l’auteure qui relate avec une certaine sobriété.
La déposition se lit très aisément et pour ceux qui se rappellent très bien l’affaire, ils auront l’heur de la découvrir sous un autre angle, plus intime.
Place à l’extrait de La déposition :
« Ils sont assis, face à face, dans la cuisine de la maison de Chambéry et ils répètent. Depuis que la date du procès de Nice est connue – il doit s’ouvrir le 26 novembre 2006, pour quatre semaines – Guillaume retrouve chaque jour son père, week-end et jours fériés compris, pour l’aider à se préparer, en plus bien sûr des rendez-vous réguliers à Lyon au cabinet de son avocat, François Saint-Pierre, auxquels il n’assiste pas. La séance dure deux ou trois heures, elle a lieu le plus souvent le soir, mais parfois Guillaume rentre à l’heure du déjeuner pour reprendre la discussion là où elle a été interrompue.
Il se sent soldat, « sergent d’infanterie », dit-il, préparant l’offensive. Le procès de son père est devenu son combat, ses ennemis sont devenus les siens, l’enquête et les charges qui pèsent contre lui ne sont rien d’autre que des obstacles placés par leurs adversaires et qu’il faut trouver le moyen de surmonter, de contourner. Il n’y a plus de place pour le trouble. Le trouble, c’est bon pour les temps de paix, et là, c’est la guerre.
Guillaume joue tous les rôles, président, procureur, juré, avocat de la partie adverse. Quand il pose des questions, il essaie d’être rigoureux, même un peu dur, ce n’est pas simple en général pour un fils vis-à-vis de son père, ça l’est encore moins avec Maurice. »
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