Ce qu’il faut de haine – Jacques Saussey
Résumé
Dans Ce qu’il faut de haine, Jacques Saussey nous transporte dans le paisible village de Pierre-Perthuis, niché dans le Morvan. Alice Pernelle, étudiante en médecine à Paris, profite de ses week-ends pour retrouver sa famille et s’adonner à son jogging matinal avec son chien, Pepper. Lors d’une de ses courses, elle découvre le cadavre mutilé d’une femme au bord de la rivière la Cure. L’enquête est confiée à la capitaine Marianne Ferrand de la brigade criminelle de Paris, en collaboration avec le commandant Gontran de Montboissier de la gendarmerie d’Avallon. Les investigations révèlent que la victime, Valérie Freysse, était une femme impitoyable, responsable de nombreux licenciements, ce qui ouvre la porte à une multitude de suspects animés par la rancune et le désir de vengeance.
Mon avis
Jacques Saussey signe ici un thriller psychologique d’une rare intensité. Dès les premières pages, le lecteur est happé par une scène d’ouverture d’une brutalité saisissante, témoignant du talent de l’auteur pour instaurer une atmosphère oppressante. L’intrigue est habilement construite, mêlant les points de vue des enquêteurs, d’Alice et du meurtrier, ce qui enrichit la narration et maintient le suspense jusqu’au dénouement. Les personnages sont profondément travaillés, chacun portant ses propres fêlures et complexités, rendant l’histoire d’autant plus réaliste et prenante. De plus, le roman aborde des thématiques sociétales fortes, telles que les conséquences dévastatrices des restructurations d’entreprises en milieu rural, ajoutant une dimension critique et réfléchie à l’ensemble.
Un extrait
Le lieutenant Stanislas Petrosky examinait avec application la dépouille et prélevait des vers, équipé de précelles, d’éprouvettes et de sachets. Montboissier réprima à grand-peine une puissante envie de vomir en le voyant farfouiller, le dos courbé, dans la vermine. Depuis son arrivée près de la Cure, tout avait été très vite. Les lieux avaient bien entendu été classés ‘scène de crime’ dès la découverte du corps et placés sous protection par de la rubalise qui en interdisait l’accès aux curieux, au demeurant peu nombreux dans le secteur. L’assassinat étant manifeste, le procureur d’Auxerre avait sollicité l’aide de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale qui avait immédiatement envoyé une unité à bord d’une camionnette dotée du matériel d’investigation dernier cri. Ensuite, lorsque les techniciens de la mort de l’IRCGN en auraient terminé, le cadavre – effectivement féminin, semblait-il – serait convoyé vers le service de biologie génétique de Pontoise afin d’être étudié au sein de son laboratoire ultramoderne. Gontran soupira. Pas de vêtements, pas de papiers, et des empreintes digitales inexploitables tant la dépouille était abîmée. Il n’y avait désormais plus qu’un seul recours pour retrouver l’identité de la victime : les analyses ADN, à condition que celui-ci ait déjà été enregistré quelque part, ce qui pour la majorité des gens, ceux qui n’avaient rien à se reprocher, n’était pas le cas.
Cet extrait illustre bien l’atmosphère sombre et l’attention portée aux détails dans l’enquête décrite par Jacques Saussey.