Hard de vivre, Carmen Bramly
Hard de vivre, Carmen Bramly, le 14 Janvier 2015 chez Lattès, 313 pages.
Carmen Bramly signe avec Hard de vivre son troisième roman à seulement dix-neuf ans. Son premier roman : Pastel fauve avait été publié alors qu’elle avait quinze ans !
L’histoire :
On va suivre pendant plusieurs mois le parcours de six jeunes qui ont entre seize et vingt-deux ans. Au départ, certains se connaissent et d’autres pas. A l’origine de leur histoire d’amitié qui s’écrit en dents de scie, il y a cette terrible soirée où ils assistent impuissants à un drame qui sera à tout le moins l’occasion de cette rencontre… Une jeune fille fait une overdose et décède brutalement. La police arrive et tout le monde s’enfuit. Six d’entre eux se retrouvent enfermés dans une cave et voici le début d’une histoire amicale complexe et tortueuse.
Il y a Pop, fils d’immigrants portugais. Il déteste ses parents bruts et mal-aimants mais adore sa petite soeur pour laquelle il nourrit de grandes ambitions. Au lieu de réviser son bac, il écrit un roman. Il est ami depuis toujours avec Bethsabée, une fille de bonne famille qui va entamer une longue descente aux enfers.
Johannes est le plus âgé, il est en deuxième année de psychologie et suit lui-même une thérapie. Il va bientôt tomber sous le charme de Sophie, étrangère au groupe jusqu’à cette soirée, une jeune métisse qui ne connait pas sa mère et est élevée par sa belle-mère qu’elle aime bien.
Et puis nous avons Thomas et Henri qui se disent colocataires mais qui en réalité forment un couple.
Ce petit monde goûte à la vie dans ses excès, ses désirs, sa violence et ses erreurs parfois irrémédiables. Se brûler les ailes ne leur fait pas peur car ils ont soif de vivre et soif de découvertes.
Mon avis :
Carmen Bramly a la plume bien assurée pour son jeune âge. Son écriture contribue grandement au plaisir de la lecture. C’est vif, tranchant, poétique, souvent crû, presque indécent, sans concession simplement. Quelques clichés et expressions toutes faites demeurent mais le ton est là. Les personnages cabossés sont poignants dans leurs excès et leur dérive emplie de spleen.
L’auteure nous rend ce microcosme vivant et bien réel le temps de quelques heures de lecture savoureuses.
C’est un livre qui plaira particulièrement aux jeunes adultes.
Un extrait qui nous met en présence de Pop, l’un des personnages clé :
« Pop avançait à grands pas entre les arbres gonflés d’humidité, foulant à intervalles réguliers des cimetières de mégots. Parfois, ses yeux faisaient un travelling sur le ciel coupé de branches noires et il frissonnait dans ses baskets humides, mais la perspective d’aller écrire quelques pages sur le vieux PC de la bibliothèque de la rue du Faubourg-Saint-Martin, qui ouvrait dès huit heures, lui redonnait de l’énergie. Il se sentait enfin prêt à replonger dans son roman. Fini, la panne totale d’inspiration, retour de la grâce, décida-t-il. A nouveau, ses doigts allaient courir sur la clavier comme des petits personnages jouant à chat perché, et tout cela formerait des mots, des phrases, tout cela aurait un sens et irait quelque part.
Ces six derniers mois, il avait eu beau s’astreindre à rester planté au moins deux heures par jour devant l’ordinateur de la bibliothèque, il repartait le plus souvent bredouille, désespéré de lui-même, sans avoir accouché d’un paragraphe digne de ne pas passer à la trappe. Il lui semblait qu’à chaque ligne les personnages de son roman s’empêtraient davantage dans une toile d’araignée.
Et là, après les émotions de cette nuit, subitement, comme par magie…
De même que le vent tourne sans préavis, ses rêves littéraires furent chassés par l’image de la fille aux cheveux arc-en-ciel. »
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