ultra Violette, Raphaëlle Riol

ultra Violetteultra Violette, Raphaëlle Riol, 7 Janvier 2015 chez la brune au Rouergue, 186 pages.

Après Comme elle vient et Amazones, Raphaëlle Riol propose un roman librement inspiré d’un fait divers. Elle fait le portrait de Violette Nozière, connue pour avoir empoisonné son père alors qu’elle n’était qu’une très jeune femme, dans les années 30. Cette chronique policière avait défrayé l’actualité en diabolisant et immortalisant la figure de la jeune parricide.
Violette est alors arrêtée et séjourne quelque temps en prison. Le roman de Riol ressuscite la figure disparue de Violette ancrée dans son époque. Sous la plume de la romancière, elle devient une jeune femme rebelle, rêveuse, éprise d’émancipation, en rupture avec l’école, ses parents comme si elle cherchait à tout prix à tracer sa propre vie quitte à se brûler les ailes.
Ce qui fait l’originalité et tout l’intérêt du roman de R.Riol, c’est la discussion qui s’instaure entre cette figure disparue (qui, bien qu’ayant réellement existé devient un personnage fantasmé dans le roman) et l’écrivaine elle-même. On se glisse dans l‘intimité de son processus d’écriture. Le personnage de papier prend forme réelle et se glisse dans le quotidien de l’auteure qui l’accueille chez elle : fantôme bien présent prenant vite ses aises et n’en faisant qu’à sa guise. Cette personnification du personnage de Violette est une vraie réussite.
Par cette omniprésence du personnage dans son quotidien, Riol nous montre à quel point l’écriture est invasive, comme ce roman est devenu une obsession jusqu’à cette cohabitation malaisée qui vient empiéter sur sa vie, ses relations sociales et même sa santé.
Ce face à face est jouissif de même que l’effeuillage de Violette peinte sous deux faces : face A : face B.
La construction de ce roman est très originale et accrocheuse plus que le sujet en lui-même qui aurait pu être banal et le choix de la seconde personne du singulier, l’apostrophe que fait l’auteure à Violette, nous rend le personnage très concret et proche.

Un extrait vous permettant de mieux vous rendre compte :

« Un matin, nous nous sommes trouvées face à face, sans que je puisse dire comment elle était arrivée jusque chez moi. Assise dans le canapé, déjà habillée, déjà coiffée.
Elle portait une robe noire en satin, découpée sur le devant en un décolleté orné de fines volutes de dentelle. Une broche dorée en forme de chouette piquée sur son sein gauche rutilait. Emue, je lui ai souri, mais son regard flottait dans le vide effarant des trop nombreuses années qui nous séparaient. Sa pupille réduite à un fin trait de pinceau, presque invisible, noyée dans la corolle de son iris si opaque et ténébreux. On aurait dit que j’étais transparente tant elle regardait au-delà de mon corps. On aurait dit que c’était moi la morte, le spectre, le fantôme. Que je n’existais pas en somme… Je n’ai pas osé la regarder en face trop longtemps. J’ai donc détourné mon regard. Je ne pense pas que j’avais peur. C’était l’émotion de la voir ici, l’émotion du travail à venir, aussi. Je lui avais promis une vie de personnage, je la lui devais. »

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