Silo, Hugh Howey

Silo, Hugh HoweySilo, Hugh Howey, Actes Sud, collection « Exofictions », paru le 2 Octobre 2013, 558 pages, traduit de l’anglais

Actes Sud inaugure avec Silo sa nouvelle collection « Exofictions » dédiée à la SF et la fantasy. Espérons simplement qu’elle soit aussi bonne qu’Actes Sud noire pour les polars et thrillers.

Résumé :

Silo est un roman d’anticipation qui plonge son lecteur dans un futur post-apocalyptique indéterminé dans lequel une communauté toute entière se retrouve enfermée dans un SILO composé de 144 étages : une véritable ville immergée qui se suffit à elle-même et comprend une hiérarchie bien structurée. Les étages supérieurs sont réservés au maire et au shérif, le DIT qui contrôle beaucoup de choses se trouve au milieu comme pour avoir la main-mise partout tandis que lorsqu’on s’enfonce dans les niveaux inférieurs, au gré des cheminements des personnages que l’on suit, l’on rencontre la ferme, les machines sont, quant à elle, tout en bas. Ce sont des mondes qui vivent à part les uns des autres et qui se croisent peu ou pas du tout car le périple consistant à descendre toutes ces volées de marches et a fortiori à les gravir constitue un véritable sacerdoce. Et d’ailleurs, il incombe aux marcheurs de le faire. En outre, dans cette société d’hyper-contrôle, tout est fait pour cloisonner les fonctions, les étages, les êtres qui n’ont pas le loisir d’échanger librement. Le moindre message est trop coûteux pour être gaspillé inutilement. Autre fait remarquable : les gens dans le silo sont enfermés. L’extérieur est proscrit ce qui entre en résonance avec le troisième tome de Hunger Games pour les fans de la trilogie de Suzanne Collins. D’ailleurs, du dehors, ils ne connaissent rien (ni la palette d’odeurs, ni les multiples sons) si ce n’est un vague aperçu biaisé au travers des capteurs qui retransmettent une image jamais très nette du paysage extérieur mais qui est censée être suffisante pour toute personne du SILO. L’extérieur est interdit, à cause d’une rébellion dans le passé qui a conduit l’humanité à être enfermée pour sa survie car il n’y aurait plus rien de bon au-dehors ; et toute personne émettant le vague souhait d’y aller se voit immédiatement condamné à mort. Comment ? Rien de plus simple. La personne dissidente est envoyée dehors où l’air est si toxique qu’il la tuera très rapidement mais, au préalable, elle aura eu le temps de nettoyer les capteurs permettant d’obtenir une image plus précise de l’extérieur ce qui donne lieu pour les habitants du SILO à une certaine euphorie, une vraie liesse malgré la perte d’un des leurs.
Avec Silo, qui a d’abord été élaboré par épisodes tel un feuilleton que l’auteur avait d’abord auto-publié, nous allons suivre plusieurs personnages au fil des étapes (le roman est divisé en 5 parties). Au départ, nous suivons le maire en place « Holston » dont l’épouse est morte quelques années auparavant après avoir fait une découverte qui l’a amenée à commettre un acte de folie et à réclamer de sortir. Son mari voulait la suivre, les années ont passé, il est toujours là. Mais il est le premier maillon qui va enrayer les rouages si bien huilés de la machine toute entière…

Mon avis :

Malgré quelques longueurs et un rythme qui faiblit par instants, j’ai été séduite par ce roman fort qui remet en cause un système de société despotique brimant le rêve, la créativité, la libre expression et même la procréation devenue une véritable loterie. Hugh Howey installe une vraie dramaturgie au cours de ce roman empli de rebondissements avec plusieurs personnages importants dont l’héroïne principale, Juliette, un sacré bout de femme qui n’est pas pour rien dans l’intérêt du livre. L’écriture en plusieurs épisodes crée un sentiment d’attente à la fin de certains chapitres. En tant que lecteur, on essaie d’anticiper la suite, on se pose mille et une questions, on s’imagine à la place des personnages qui, bien que vivant des expériences qui nous sont inconnues, par leur capacité de réflexion, d’analyse et leur volonté d’en découdre nous deviennent sympathiques et proches. J’ai particulièrement apprécié la partie avec Juliette, ses découvertes, son combat. Hugh Howey nous fait ressentir ce sentiment d’oppression, d’étouffement et de panique en nous plongeant dans un décor terrible qui, s’il était bien retranscrit en film, serait de l’ordre de l’insoutenable. Silo est un roman poignant qui joue habilement des changements de rythmes de même qu’il varie les personnages et les tableaux pour encore plus de suspense.
Acceptez donc de vous laisser enfermer, juste pour un temps, dans ce Silo et vous verrez, vous ne regarderez plus le ciel de la même façon !

Un extrait pour vous immerger dans le Silo :

   « Elle n’avait même pas remarqué le changement dans l’escalier, la prépondérance des salopettes de denim bleu, des sacoches remplies de pièces et d’outils sur le dos des porteurs, plutôt que de vêtements, de nourriture et de colis personnels. Mais la foule massée au portail lui indiqua qu’elle était parvenue au niveau supérieur des Machines. Devant l’entrée se pressaient des ouvriers vêtus d’amples salopettes bleues maculées de très vieilles taches. Jahns pouvait presque les ranger par professions au vu des outils qu’ils portaient. La journée était bien avancée, et la plupart d’entre eux devaient rentrer chez eux après avoir effectué des réparations ça et là dans le silo. Elle était ébahie qu’on puisse parcourir tant d’étages et qu’on doive encore travailler une fois arrivé. Puis elle se rappela que c’était exactement ce qu’elle s’apprêtait à faire.
Plutôt que d’abuser de leur statut et de leur pouvoir, ils firent la queue derrière les ouvriers qui pointaient au portail. Pendant que ces hommes et ces femmes fatigués indiquaient le lieu et la durée de leur déplacement, Jahns pensa au temps qu’elle avait perdu à ruminer sa propre existence durant cette longue descente, au lieu de peaufiner sa façon d’approcher la dénommée Juliette. Une nervosité inhabituelle lui noua l’estomac tandis que la file avançait lentement. L’ouvrier qui les précédait montra sa carte des Machines, de couleur bleue. Il griffonna ses renseignements sur une ardoise poussiéreuse. Quand vint leur tour, ils poussèrent la première barrière et montrèrent leurs cartes dorées. Le garde haussa les sourcils puis parut reconnaître le maire.
_ Votre honneur, dit-il, et Jahns ne le reprit pas. On ne vous attendait pas pendant cette faction.
Il leur fit signe de ranger leurs cartes et attrapa un petit bout de craie.
_ Laissez.
Jahns le regarda tourner le tableau et inscrire leurs noms en capitales soignées, essuyant involontairement l’ardoise avec le dessous de sa main. Pour Marnes, il écrivit simplement « Shérif » et là encore, Jahns ne le corrigea pas.
_ Je sais qu’elle ne nus ttendait pas si tôt, dit Jahns, mais je me demandais si nous pouvions rencontrer Juliette Nichols dès maintenant. »

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    • Anne-Sophie Poinsu

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