Promesses aveugles, Audrey Magee

promesses avuglesPromesses aveugles, Audrey Magee paru le 11 Juin 2015 chez Plon dans la collection « Feux croisés », traduit de l’anglais par Laure Manceau, 309 pages.

C’est le premier roman de la journaliste irlandaise Audrey Magee.

Mon résumé :

Peter Faber, soldat allemand, épouse Katarina Spinell, jeune allemande sur une simple photo. Ils ne se sont jamais rencontrés. Pour Peter, ce mariage sera l’occasion d’une permission tant attendue. Pour Katarina, cet acte lui assure une certaine sécurité concernant son avenir. Elle aura un mari à la fin de la guerre s’il survit et si ce n’est pas le cas, elle touchera une pension comme veuve de guerre.
Ce mariage d’arrangement va voir les deux inconnus réunis le temps d’une permission et contre toute attente, l’amour et le désir sont au rendez-vous.
Mais très vite, Peter doit repartir sur le front russe où l’attendent des moments d’une dureté extrême. Convaincu de la justesse de sa cause : œuvrer pour une Allemagne plus grande, plus forte, purgée des juifs et des communistes, il met du cœur à l’ouvrage sans remettre en cause les ordres parfois aberrants de sa hiérarchie tout en caressant l’espoir d’une victoire prochaine lui permettant de retrouver sa femme et son jeune enfant.
Katarina de son côté vit aux côtés de ses parents fervents partisans du Führer et plutôt protégés car dans les petits papiers des Nazis. Elle élève son bébé dans un Berlin de plus en plus ébranlé par les attaques aériennes.
Quand le conflit se rapproche, le vent tourne et même les mieux nantis peuvent chuter…

Mon avis :

Audrey Magee traite d’un sujet délicat : la Seconde Guerre Mondiale dans le camp allemand avec des personnages résolument nazis et sûrs de leur fait : l’Allemagne vaincra et sera plus forte que jamais.
Pour autant, l’auteure ne fait pas de ces êtres de papier des personnages ignobles dénués de toute humanité. Ils souffrent de la guerre, ils sont durement éprouvés _ on arrive à compatir pour eux_ et ne remettent pas en question une cause qui leur paraît bonne et la seule qu’ils reconnaissent. Katarina ainsi que sa mère vont tout de même se demander si tout cela valait la peine quand les événements se bousculent.
C’est l’atrocité de ces combats que l’écrivaine met en avant, plus encore que les horreurs d’un régime nazi. En tant que lecteur, difficile de ne pas prendre parti avec cette interrogation en filigrane : qu’aurions-nous fait à leur place ? Où finit le courage et où commencent la lâcheté et les compromissions ?  Aucun camp n’est épargné. Les monstres de guerre sont partout et les jugements prompts seraient trop faciles…
Un roman âpre et saisissant, très documenté, qui alterne habilement sur deux tableaux et happe le lecteur jusqu’au final bouleversant.
Si vous cherchez d’autres ouvrages où l’on voit la guerre du côté allemand, je vous recommande ce roman sublime : La voleuse de livres de Markus Zusak, ou encore Un goût de cannelle et d’espoir de Sarah McCoy (cf mon article).

Un extrait où l’on voit les soldats dans une posture peu enviable :

   « Ils s’installèrent, dos à la tente, genoux contre genoux, à six dans un espace conçu pour deux. Fuchs toussa la majeure partie de la nuit, expectorant ses crachats dans une tente déjà saturée de sueur et de mauvaise haleine. Faber se réveilla à l’aube, en manque d’air frais. A l’extérieur, le froid était mordant, et tout était calme. Il s’alluma une cigarette et regarda le soleil se lever, sa lumière de plus en plus intense teindre la neige en rose et illuminer trois hommes enveloppés dans leur tente effondrée. Il marcha vers eux. Ils étaient morts.
« Pauvres vieux », dit-il.
Il finit sa cigarette, lança le mégot dans la neige et retourna retrouver ses camarades endormis. Il dut les pousser pour reprendre sa place. Il se rendormit, se réveilla en même temps que les autres et mangea.
Ils tirèrent sur les uniformes des morts. Tout était gelé. Leurs calots étaient scellés à leurs crânes par la glace, leurs sacs fermés hermétiquement.
« La neige les enterrera pour nous », dit Kraus.
Fuchs toussa et cracha des glaires vertes dans la neige.
« J’espère que moi, vous m’enterrerez, sergent, dit-il.
_ Vous allez vous en sortir, soldat. » »

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