Les arbres voyagent la nuit, Aude Le Corff

Les arbres voyagent la nuit, Aude Le corffLes arbres voyagent la nuit, Aude Le Corff, Stock, Avril 2013, 293 pages

Résumé :

Manon, petite fille rêveuse, se réfugie depuis quelque temps dans son univers de livres et de jeux enfantins avec les fourmis, la nature… En réalité, elle semble plutôt laissée pour compte. Et c’est le cas depuis que sa mère a, sans prévenir, déserté le foyer, laissant derrière elle une enfant perdue et un mari totalement désemparé. Ce dernier n’arrive pas à surmonter cette terrible épreuve ni à être présent pour sa fille. Anatole, vieil homme retraité, ancien professeur de français, aujourd’hui plongé dans la solitude de son appartement au coeur de Nantes, observe cette petite fille esseulée comme lui qui joue en face de l’immeuble. Alors qu’il croyait sa vie derrière lui, il est sur le point de vivre une grande aventure. En approchant Manon et en lui parlant du Petit Prince, il va l’apprivoiser et nouer une relation amicale de confiance avec la petite.
Et puis, il y a Sophie, la soeur de la mère évaporée, que le papa de Manon, Pierre, semble rejeter pour une cause obscure. Toutefois, tout va changer lorsque Sophie reçoit une lettre de sa soeur en provenance du Maroc.
Impossible pour Pierre de ne pas partir là-bas pour tenter d’y retrouver sa femme. Accompagné de sa fille, de Sophie ainsi que d’Anatole qui sont eux aussi de la partie, Pierre et la petite bande, s’ils n’étaient pas supposés faire route ensemble, vont embarquer dans une sorte de road trip : partis de Nantes, ils feront halte aux dunes du Pilat puis à Bilbao et arriveront à Essaouira.   Voyage initiatique dont ils partagent le but commun. C’est aussi pour eux l’occasion de se révéler à eux-mêmes et aux autres, d’apprendre à surmonter leurs angoisses et à lâcher prise.

Critique :

Quelle fraîcheur et quelle poésie dans ce si joli et réussi premier roman d’une auteure nantaise prometteuse ! L’écrivaine nous embarque d’emblée dans son univers mâtiné de poésie, d’humanisme, porté par une écriture fluide et forte avec des personnages hauts en couleurs et de plus en plus captivants au fur et à mesure de cette histoire singulière. Le sujet est grave, c’est avant tout la désertion d’une mère qui n’a pas réussi à faire face à son mal-être, c’est aussi la voix d’un mari rongé par la culpabilité de n’avoir su tendre la main au moment idoine à celle qu’il aime pourtant de tout coeur. Mais le roman n’est pas triste, bien au contraire, il rayonne d’un espoir qui jaillit à chaque étape de ce voyage initiatique sans pareil. Un beau roman à savourer !

Un extrait qui nous plonge dans les préparatifs de départ :

   « Le lendemain, accueillie par une pluie battante et un ciel de fin du monde, la petite équipe se retrouve au pied de l’immeuble, sous le porche éclairé par une lumière vacillante. Le vent tire sur les branches du bouleau comme pour l’arracher du sol. Son feuillage ruisselle de lourdes gouttes que Manon aimerait recueillir dans ses mains trop petites pour contenir autant de peine.

   Sophie en bâillant allume une cigarette. Anatole est assis sur sa valise noire, et le décalage entre son âge avancé et le sac à dos sportif qu’il porte sur son imperméable beige est touchant. Manon, vêtue dun ciré jaune, serre contre elle son sac d’écolière plein à craquer de livres et de trésors qu’elle chérit : son journal intime, le foulard bleu, les photos et les lelttres.
Alors que tout le monde, les traits tirés, regarde les trombes d’eau creuser des flaques dans l’herbe, Pierre pète la forme : vêtu d’un jean etd’un tee-shirt blanc, il s’avance sous le déluge comme sous les rayons d’un soleil ardent, semble ne pas sentir les gouttes cingler sa peau, somme ses compagnons de le suivre d’un geste du bras. D’une démarche conquérante, il parcourt la moitié du sentier, puis s’arrête, les cheveux dégoulinants, s’apercevant que personne ne lui a emboîté le pas. Il se retourne, à la manière d’un enfant qui jouerait à un, deux, trois, soleil, pour constater que les trois aventuriers censés l’accompagner n’ont pas bougé d’un poil.
Ils l’observent en frissonnnant sans esquisser un mouvement. L’humidité commence à faire frisotter les mèches qui s’échappent de la queue-de-cheval de Manon, faite à la va-vite au réveil. Elle ne veut pas exposer son sac et son précieux contenu aux intempéries, alors que ses deux compagnons ne tiennent pas à attraper une pneumonie dès le début du voyage. »

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  1. Monchichi

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