Le silence des cloîtres, Alicia Gimenez Bartlett

Le silence des cloîtres, Alicia Gimenez BartlettLe silence des cloîtres, Alicia Gimenez Bartlett, Rivages noir, 22 Janvier 2014 pour la collection Poche, 6 Juin 2012 pour le grand format chez Rivages, traduit de l’espagnol par Olivier Hamilton et Johanna Dautzenberg, 494 pages

Bartlett poursuit sa série d’enquêtes avec son inspectrice barcelonaise de prédilection : Petra Delicado. Personnellement, je n’en avais pas lu auparavant et ce n’était en rien gênant.

Résumé :

Petra Delicado et son acolyte l’inspecteur adjoint : Firmin Garzon sont sur une affaire particulièrement retorse que Delicado juge comme étant la pire de sa carrière. Il s’agit du crime de Frère Cristobal venu, en sa qualité de spécialiste, restaurer la momie d’un saint dans le couvent des religieuses du Sacré Coeur. Ce saint « Asercio » avait une grande importance pour ce couvent étant donné que le dimanche les touristes venaient le visiter ce qui rapportait une somme non négligeable aux Soeurs du Sacré-Coeur.
Dans la tradition du secret religieux, du voeu de silence, du cloisonnement inhérent aux couvents, il sera bien compliqué pour les Soeurs d’ouvrir leurs portes aux enquêteurs ce qui ne facilitera pas les choses à ces derniers. Encore heureux que ce soit Petra la responsable de l’enquête car, en tant que femme, il lui sera plus facile ou disons moins difficile de pénétrer dans l’antre sacré.
C’est ainsi que la mère supérieure – au demeurant un sacré personnage qui fume comme un pompier, en cachette et maudissant cette faiblesse qu’elle dit être un péché si doux – mettra une journée entière à déclarer le meurtre à la Police.
Pourquoi frère Cristobal a-t-il été tué alors qu’il était  enfermé dans une pièce tout occupé à ses travaux ? L’on apprend qu’il a été assommé avec un objet contondant. A-t-il ouvert à ses agresseurs ? Etait-il sur le point de faire des découvertes lourdes de conséquences ? Est-ce l’oeuvre d’une secte religieuse comme semble vouloir le relayer les médias ? Les indices sont maigres, les Soeurs peu loquaces, le seul témoin s’est apparemment évaporé. C’est un véritable casse-tête chinois pour Petra qui n’a pas toujours un caractère facile, pleine de contradictions, d’humour pinçant, maudissant souvent son métier, son pays pétri de religion et à l’Histoire si complexe. Par ailleurs, sa profession exerce une véritable fascination sur les enfants de son mari ce qui ne sera pas sans poser problème. Parfois de mauvaise foi, elle a à coeur de résoudre cette enquête et de sauver leur honneur à elle et à son coéquipier avec qui elle forme un sacré duo. Tandis que les heures de travail s’accumulent, il leur faut s’entraider d’autant que Petra vient d’épouser son troisième mari qui est architecte et qui a quatre enfants dont trois en charge. Pour elle qui n’a pas l’expérience de la maternité c’est un sacré défi qu’elle relève avec enthousiasme et appréhension. Comment concilier les deux pans de sa vie : une épouse présente et aimante, une belle-mère exemplaire et une enquêtrice de choc ? On peut dire que cette enquête va mettre des bâtons dans ses roues quant à sa vie familiale.

Mon avis :

Plus encore que la résolution de l’énigme policière (je vous mets au défi de trouver le fin mot de l’histoire), ce sont les personnages qui donnent toute la dimension à ce roman. Ici, pas d’enquêteurs de choc qui grâce à une intelligence hors-normes ou à quelques gadgets technologiques résoudront en deux coups de cuillères à pots un mystère plus épais qu’un cheese-cake new yorkais… Non, c’est leur côté humain qui est justement si plaisant : ils sont faillibles, au bord du découragement, suivent parfois de mauvaises pistes… Leur vie privée n’est pas occultée ce qui donne lieu à des situations vraiment cocasses. On les voit régulièrement boire des bières, céder à des fous rire nerveux aux pires moments et Petra ne manque jamais de répartie quand son collègue ne manque pas d’à-propos. C’est souvent drôle et l’on s’attache à cette paire de policiers pas comme les autres.
J’ai été agréablement surprise par ce Silence des cloîtres qui insuffle un renouveau dans le monde de la littérature policière.

Un extrait pour vous donner une idée du ton de ce roman :

« Garzon avait passé en revue la pile de documents de frère Cristobal. Soudain, il sursauta.
_ Regardez, inspectrice, ce doit être le saint.
Il me tendit des photos sur lesquelles on distinguait frère Asercio étendu dans sa niche. A peine une ombre enveloppée de vêtements à moitié rongés par le temps. Dans ses mains, qui n’étaient plus que des os, il tenait un rosaire en bois. Garzon le regardait, subjugué, un air de degoût sur le visage.
_ Là, on le voit en gros plan. Il avait une de ces tronches !
Je m’éclaircis bruyamment la gorge pour lui faire remarquer son manque de savoir-vivre. Il tenta de corriger ses propos, sans grand succès.
_ Ce que je veux dire, c’est qu’il était pas mal attaqué.
Frère Magi, imperturbable, fit comme s’il n’avait rien entendu de déplacé et commenta :
_ Le corps était en effet, très détérioré. C’est l’une des raisons pour lesquelles notre frère se trouvait là-bas. En plus de ce travail de restauration, il devait retracer le parcours historique du saint, pour lequel il subsistait certaines zones d’ombre. »

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