Le livre des Baltimore, Joël Dicker

livre des baltimoreLe livre des Baltimore, Joël Dicker paru le 30 Septembre 2015 aux éditions de Fallois, 476 pages.

Voici le troisième roman du jeune auteur suisse très, très attendu après un deuxième roman qui à l’image du héros de son livre, l’a propulsé sur le devant de la scène. La vérité sur l’affaire Harry Québert s’est inscrit durablement parmi les meilleures ventes en grand format puis en poche en récoltant plusieurs prix littéraires et un véritable engouement de la part de ses lecteurs .
Et voici, après trois ans d’attente son dernier : Le livre des Baltimore.
C’est avec un enthousiasme rare que je vous avais présenté son précédent, d’ailleurs, c’est avec ce premier article que j’avais inauguré mon blog. Après avoir laissé passer un peu de temps, j’avais lu son premier : Les derniers jours de nos pères, moins abouti mais avec de très belles pages et sur un épisode somme toute méconnue de l’histoire. Un roman qui gagne à être découvert
Après la veine historique du premier, policière du second, il m’est apparu que ce dernier était davantage tourné vers le drame bien qu’il contienne une forme de tension, d’attente voire de suspense.

Sans plus attendre, allons voir d’un peu plus près le sujet du Livre des Baltimore :

Nous retrouvons, avec bonheur, le personnage du précédent roman : Marcus Goldman dit « l’écrivain ». Si vous l’avez oublié (serait-ce possible??) ou que vous n’avez pas lu le précédent (il faudrait vous y mettre tout de même!) vous comprendrez malgré tout car c’est une toute autre histoire qui nous est contée.
Marcus s’attelle à la rédaction de son troisième roman. Tiens donc… Il quitte New York pour aller travailler plus au calme en Floride à Boca Raton, un lieu hautement émotionnel car il lui rappelle son oncle adoré disparu, Saul Goldman. Son projet littéraire est d’écrire un livre sur une des branches de la famille Goldman : son oncle et sa tante, ses cousins qu’il admirait et idolâtrait.

Le présent du roman se déroule en 2012. Au lieu du calme escompté, Marcus est agréablement dérangé par son voisin, un homme âgé qui prétend s’atteler à la rédaction d’un livre même s’il emporte partout avec lui un carnet désespérément vierge. Avec Leo, Marcus prend plaisir à disputer une partie d’échecs certains soirs. Les derniers restes d’une véritable tranquillité volent en éclats lorsqu’il croise le chemin d’un chien qui appartient en fait à une femme qu’il a aimée dans le passé et qu’il s’apprête à revoir.

Le passé qui occupe le cœur du Livre des Baltimore revient sur l’enfance des Goldman. Marcus a passé beaucoup de temps avec cette famille à qui tout semblait réussir jusqu’au Drame. Cet épisode tragique ne nous est bien sûr pas révélé tout de suite mais Marcus le prend très au sérieux, il appose toujours une majuscule au mot Drame et compte en années avant cet événement fatidique.
Auprès de ses cousins, son oncle et sa tante, Marcus se souvient des séjours répétés, des week-ends qu’il passaient auprès des Goldman-de-Baltimore, eux si élégants, si formidables, si aisés et si généreux qu’à côté sa famille, les Goldman-de-Montclair, faisait triste mine selon lui.
Et pourtant cette famille si protégée n’était-elle pas aussi exposée au malheur qu’une autre ?
Que leur est-il arrivé ? Marcus connait-il toute la vérité ? Sa vision personnelle des beaux jours ancrés dans une Amérique bénie est-elle seulement juste ?

Mon avis sur le dernier Dicker :

A l’image de son héros, Joël Dicker est un écrivain et même un grand malgré son très jeune âge et un nombre encore réduit de livres parus.
C’est brillant une fois encore. Une construction subtile, des personnages qui nous sont immédiatement proches, humains, percutants, crédibles et attachants, une écriture qui sait joliment alterner entre des passages narratifs qui laissent entrevoir un climax sans cesse repoussé et des dialogues tantôt badins, tantôt profonds.
Ce Livre des Baltimore se dévore une fois encore. Je ne pouvais plus le lâcher une fois commencé !
Et comme pour son précédent, derrière l’histoire, l’intrigue à proprement parler, se cachent de nombreuses pistes de réflexion que l’auteur sème, toutes passionnantes et riches : les liens familiaux, les non-dits, les apparences, la réversibilité des êtres et des choses, les mensonges destructeurs… Car tout grand roman en abrite un second.
Et comme fil conducteur le regard bienveillant et émerveillé du narrateur Marcus, un personnage inoubliable de la littérature à mes yeux (ce qui n’est pas peu dire au vu de tous les livres que je lis !). Je n’ai qu’un regret : c’est qu’il n’y ait eu pas plus de touches humoristiques comme il y avait avec le personnage secondaire de la mère de Marcus qui était si drôle. Là, je n’ai pas retrouvé en elle ce personnage excessif, indiscret et envahissant qu’elle était. Et il me semble que l’humour qui se dessine sous les traits du voisin Leo aurait pu être largement accentué.
Je pourrais vous en parler encore longtemps, des jours entiers peut-être, mais je vous laisse le bonheur de le découvrir par vous-même sans vous en révéler davantage.

Ah, si quand même, un extrait du Livre des Baltimore pour se mettre en jambe !

« Deux heures de train à peine, et j’arrivais à la gare centrale de Baltimore. Le transfert de famille pouvait enfin commencer. Je me défaisais de mon costume trop étroit des Montclair et me drapais de l’étoffe des Baltimore. Sur le quai, dans la nuit naissante, elle m’attendait. Belle comme une reine, radieuse et élégante comme une déesse, celle dont le souvenir peuplait parfois et de façon honteuse mes jeunes nuits : ma tante Anita. Je courais jusqu’à elle, je l’enlaçais. Je sens encore sa main dans mes cheveux, je sens son corps contre moi. J’entends sa voix qui me dit : « Markie chéri, ça fait tellement plaisir de te voir. » Je ne sais pourquoi, mais le plus souvent, c’était elle qui venait me chercher, seule. La raison était certainement qu’Oncle Saul finissait en général tard à son cabinet, et sans doute ne voulait-elle pas s’embarrasser d’Hillel et Woody. Moi, j’en profitais pour la retrouver comme une fiancée : quelques minutes avant l’arrivée du train, j’arrangeais mes vêtements, je me recoiffais dans le reflet de la vitre, et lorsque le train s’arrêtait enfin, j’en descendais le coeur battant. Je trompais ma mère pour une autre.
Tante Anita conduisait une BMW noire qui valait probablement une année de salaire de mes deux parents réunis. Monter à bord était la première étape de ma transformation. Je reniais la Civic bordélique et m’adonnais à l’adoration de cette énorme voiture criante de luxe et de modernité, dans laquelle nous quittions le centre-ville pour rejoindre la quartier huppé d’Oak Park, où ils habitaient. »

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