Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik

Le cas Eduard Einstein, Laurent SeksikLe cas Eduard Einstein, Laurent Seksik, Flammarion, Août 2013, 294 pages

Ce roman fait partie de la deuxième sélection pour le prix Femina 2013.
Pourquoi l’ai-je choisi ? Je ne l’aurais sans doute pas lu si je ne l’avais pas rapporté dans mes bagages à la rentrée littéraire de Paris. D’autre part, il figurait dans la sélection de prix littéraires. Je ne fais pas partie des lecteurs qui se précipitent corps et âme sur le dernier Goncourt ou Renaudot, je m’en méfie au contraire ! Mais certains sont bons. Et honnêtement, je voulais avoir quelque chose à répondre à un potentiel client qui me demanderait : « Parmi la sélection de prix, qu’avez-vous lu, vous ? » Euh… Enfin, vous voyez, une bafouille un peu plus construite fait meilleur effet… Alors, rentrons dans le vif du sujet…

Ce roman en question :

On sent la patte du biographe, j’ai nommé Laurent Seksik, dans ce roman. Il s’agit bien d’une fiction, seulement les faits et l’histoire ne sont jamais loin. L’auteur connait bien son sujet puisqu’il avait fait une biographie d’Albert Einstein en 2008. Cette fois, il s’intéresse au fils cadet qui sera, une grande partie de sa vie, interné dans un asile psychiatrique. Le thème de la folie est prédominant : le fils a la parole et entre lucidité et paranoïa, nous parle de ses relations difficiles avec un père de génie et distant : « Je n’ai pas vu mon père le jour de ma naissance. Aux yeux d’un physicien de renom, l’apparition de la comète de Halley est un événement autrement plus marquant que la venue d’un braillard dans la ville de Zurich. Comment rivaliser avec un astre ? Je m’emploie à résoudre cette question. »
Eduard évoque sa relation somme toute fusionnelle avec sa mère si dévouée qui s’en occupe seule après son divorce avec Albert. Le grand génie paternel, en ces temps d’Histoire tourmentée pour le peuple juif, s’est exilé aux Etats-Unis où sa défense des minorités ne semble pas toujours bien admise, lui qui est un réfugié. Le lecteur apprendra en quelques lignes les traitements souvent déplorables qu’Eduard subit, soit-disant pour guérir. Il s’agit d’une psychiatrie dans ses balbutiements. Il essuie les plâtres comme bien d’autres.
La parole est également donnée à sa mère et à son père. Chaque chapitre s’ouvre sur un des trois personnages que l’on va voir évoluer sur plusieurs décennies au fil des événements familiaux et historiques.
Laurent Seksik prête un autre visage à Albert : un savant, comme chacun sait, mais pas seulement : une voix défendant les opprimés, un homme de conviction donc mais un père distant, lointain, qui abandonne son cadet à son sort sans même prendre de ses nouvelles. Le vernis de ce mythe fait homme se craquelle. Avant tout, il avait épousé les sciences. C’était, semble-t-il, sa seule véritable passion.
Et l’on entend la voix si discrète de la mère, la femme d’Albert Einstein au nom si important et dont la vraie intelligence est ternie par un prénom : Albert. Une femme exemplaire qui ne baisse pas les bras et ne se plaint jamais.
Voilà cet improbable trio qui fait l’originalité du roman en redonnant à chacun une vraie dimension.
L’écriture est belle et limpide.

Je n’étais pas a priori très attirée par cet ouvrage mais, malgré quelques longueurs et un début un peu trop plat, je me suis laissée séduire par l’écho de ces trois voix qui nous donnent à voir une famille peu ordinaire dans un contexte historique complexe. Le style, entre imaginaire et réel, de l’auteur a contribué à éveiller mon intérêt.

Pas de véritable coup de coeur néanmoins un bon moment et une agréable surprise pour ce sujet difficile traité avec finesse !

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