Charlotte, David Foenkinos

Charlotte, David FoenkinosCharlotte, David Foenkinos, paru le 21 Août 2014 chez Gallimard, 221 pages.

David Foenkinos revient avec sa dernière parution Charlotte sur le devant de la scène littéraire et dans le top des ventes grâce à un roman très singulier qui se démarque du reste de son oeuvre.
Il a été couronné en Novembre par deux prix prestigieux : le Renaudot et le Goncourt des Lycéens, il a également été dans les quatre finalistes pour le Goncourt. Une très belle et rare moisson pour cet auteur encore plus que jamais incontournable.

Le sujet de ce faux roman documenté :

Depuis plusieurs années, David Foenkinos est fasciné par le personnage de Charlotte Salomon, peintre juive morte à vingt-six ans à Auschwitz alors qu’elle était enceinte. L’auteur avoue que le personnage de Charlotte est présent dans plusieurs de ses romans à travers différentes facettes.
Projet qu’il a laissé mûrir en lui pendant un long moment, l’écrivain semble être attaché à ce roman d’une manière spéciale, unique. Il a fait des recherches à la fois pour son travail d’écriture qu’il souhaitait le plus proche possible de la réalité mais aussi pour satisfaire sa curiosité. Il confie à son lecteur avoir obtenu un financement pour faire le voyage le conduisant sur les pas de Charlotte en Allemagne. Très méconnue ou tombée dans l’oubli, cette figure artistique hante Foenkinos à tel point qu’il a plusieurs fois essayé de commencer à écrire ce livre sans y parvenir. Jusqu’à ce qu’il trouve la forme. Le fond étant déjà acquis puisqu’il avait pris des notes sur des carnets auparavant.
L’originalité de sa structure romanesque, l’auteur l’assume et l’explique. Il revient à la ligne après chaque phrase.
Une phrase.
Un blanc.
Les mots acquièrent encore plus de résonance. Le silence rappelle la solitude de Charlotte Salomn. Il y a comme une urgence maîtrisée dans l’écriture de Foenkinos. Même en connaissant le dénouement, on ne peut aller contre une certaine tension qui nous happe et nous tient jusqu’à l’épilogue. La vie de Charlotte est unique, courte mais flamboyante, marquée par le désespoir, l’art et la mort. Elle est issue d’une famille où le suicide est omniprésent, c’est devenu la norme à tel point que, si le lecteur ignorait qu’il ne s’agit pas d’une fiction, il se dirait à juste titre peut-être : « On est bien dans un roman ! On voit comme c’est exagéré !! » Et pourtant…

Mon avis :

Le dernier Foenkinos va vous étonner si vous connaissez son oeuvre et sinon, vous avez tout intérêt à découvrir cet écrivain talentueux maniant la langue française avec autant d’aisance que de fantaisie et de singularité, alors pourquoi pas, à ce moment, commencer par celui-ci ! Certes, le ton humoristique bien à lui est absent ici (le sujet est grave) mais les occasions de se réjouir à travers cette lecture se multiplient. C’est une expérience que nous propose Foenkinos : on aurait envie de le lire sans reprendre son souffle, dans une urgence narrative inédite. Au final, ni le lecteur, ni l’écrivain ne seront parvenus à appréhender l’insaisissable Charlotte qui reste en-dehors de notre portée. L’on pourrait le regretter, mieux vaut caresser le souhait de découvrir quelle oeuvre elle a laissé et pourquoi pas de s’imaginer ce qu’elle aurait pu vivre si elle n’avait pas été tuée dès son arrivée à Drancy en se plongeant dans Kinderzimmer de Valentine Goby qui parle si bien du quotidien des femmes dans les camps de concentration et spécialement les femmes enceintes…
Bien sûr le thème n’est pas nouveau mais la manière de le traiter est unique ce qui¨est déjà une promesse. Alors bravo Foenkinos.

Un extrait qui nous offre une plongée au coeur de l’univers de Charlotte :

« Quelques jours passent, dans le calme retrouvé.

Peut-on dire des heures qu’elles paraissent blanches ?
Même les gestes sont silencieux.
La grand-mère brosse les cheveux de Charlotte.
Voilà des années qu’elle ne l’avait pas fait.
Elles replongent ainsi dans une période joyeuse.
Charlotte est incapable de poser la moindre question.
Pourquoi personne ne lui a jamais rien dit ?
Pourquoi ?
Non, elle se tait.
Elle ne veut pas entendre les explications.
Et puis, à quoi bon ?

Elle préfère savourer les moments de répit.
Il semblerait que sa grand-mère soit enfin apaisée.
Ou alors, est-ce une stratégie ?
Pour faire en sorte que sa geôlière baisse la garde.
La grand-mère se souvient de sa propre mère.
Sa démence n’offrant aucune pause, on ne la laissait jamais.
On la surveillait sans cesse, potentiel assassin d’elle-même.

Charlotte espère que tout ira mieux, maintenant.
Elle est la mère de sa grand-mère.
Depuis des semaines, elle la protège, la rassure, la réchauffe.
Quelque chose de très fort les unit.
Alors, elle se laisse bercer par une illusion.
Et s’endort.
Quand elle ouvre les yeux, il n’y a plus personne. »

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